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Basée à Hallennes-Lez-Haubourdin, près de Lille

NeoCem bétonne ses ressources financières

Émanation du cabinet de conseil en ingénierie spécialisé dans l’économie circulaire Neo-Eco, la start-up nordiste NeoCem a développé un procédé innovant destiné à diviser par 5 les émissions de CO2 afférentes à la fabrication de ciment. Afin de financer le déploiement de sa première ligne de production, dans l’Oise, elle vient de lever plus de 23 millions d’euros.

De gauche à droite : Laurent Guestin, directeur financier, Romain Genna, ingénieur procédé et initiateur historique du projet NeoCem, et Guillaume Luu, responsable du développement commercial de NeoCem. © Lena Heleta
De gauche à droite : Laurent Guestin, directeur financier, Romain Genna, ingénieur procédé et initiateur historique du projet NeoCem, et Guillaume Luu, responsable du développement commercial de NeoCem. © Lena Heleta

Avec environ 10 millions de tonnes de CO2 émises chaque année dans l’Hexagone, la production de ciment est responsable de 3% des émissions domestiques de gaz à effet de serre, selon France Stratégie – et de 7% au niveau mondial d’après l’Agence internationale de l’Énergie. Alors que les principaux acteurs de la construction se sont engagés à réduire cette empreinte carbone, une start-up nordiste entend bien apporter sa pierre à l’édifice.

Plusieurs années de R&D

Basée à Hallennes-Lez-Haubourdin, près de Lille, NeoCem est à l’origine un projet incubé par le cabinet de conseil en ingénierie spécialisé dans l’économie circulaire Neo-Eco, à l’issue d’une collaboration avec la Société des Grands Projets. Après quatre années de Recherche et développement, la jeune pousse, officiellement créée en 2021, a mis au point un procédé innovant de fabrication d’argiles calcinées pour des liants bas carbone. 

Brevetée, sa solution repose donc sur l’utilisation de l’argile comme matière première du ciment en remplacement du calcaire, ainsi que sur un process dit de «flash calcination». Cette technique permet de transformer les argiles avec une cuisson express et une température deux fois moins élevée. De quoi, selon NeoCem, réduire l’empreinte carbone de 80% par rapport au ciment classique «sans compromettre sa qualité ni sa durabilité», tout en préservant les ressources naturelles en raison de l’exploitation des déchets du monde de la construction.

La présence précieuse d’un industriel

Afin de passer à la vitesse supérieure, la start-up a amorcé début 2023 un processus de levée de fonds dans le but de financer la construction d’une première ligne de production à Saint-Maximin, dans l’Oise. Un chantier qui s’est finalisé il y a quelques semaines. NeoCem a d’abord collecté plus de 5 millions d’euros sous la forme de fonds propres. Ont participé à cette augmentation de capital les fonds d’investissement régionaux Rev3 Capital, Finorpa et Nord France Amorçage, ainsi que le groupe industriel familial CB (Carrières du Boulonnais, 265 millions d’euros de chiffre d’affaires), à travers sa filiale CB Green. «Il nous apparaissait essentiel d’accueillir un acteur industriel dans le tour de table dans la mesure où sa présence nous apporte de l’expertise en interne d’une part, et où elle confère un gage supplémentaire de crédibilité de notre projet vis-à-vis de l’externe d’autre part», témoigne Guillaume Luu, responsable du développement commercial chez NeoCem. 

Cette opération porte sur une part du capital comprise entre 15 et 20%. En parallèle, la jeune société a emprunté auprès un pool d’établissements bancaires nouvellement constitué, composé de CIC Nord Ouest, Crédit Agricole Nord de France et La Banque Postale. Lauréate de l’appel à projets «Première usine» du plan France 2030, elle a également bénéficié du soutien financier de Bpifrance. En tenant de la Série A, NeoCem a levé au total plus de 23 millions d’euros.

Une Série B dans les tuyaux

Grâce à cette enveloppe, la construction de sa première unité industrielle va pouvoir être lancée début mars. Cette usine doit être opérationnelle durant le premier semestre 2025. Elle permettra une production d’environ 2 millions de tonnes de béton bas carbone chaque année, soit une économie potentielle de 80 000 tonnes de CO2 par an. Mais NeoCem ne compte pas se limiter à cet objectif. «Nous visons cinq sites en opérations à horizon 2030-2032, en France et en Europe», précise Guillaume Luu. Alors que la capacité de production du site de Saint-Maximin peut facilement être étendue, la jeune pousse est déjà en discussions avancées avec plusieurs métropoles.

Pour financer ses développements futurs, elle envisageait initialement de patienter jusqu’à la mise en service de son premier site et ses premières ventes pour enclencher les préparatifs d’une deuxième augmentation de capital (Série B). «Après la Série A, nous avons cependant reçu de nombreuses marques d’intérêt de la part d’investisseurs, très attrayantes. C’est pourquoi nous nous apprêtons finalement à amorcer ce chantier dans les semaines qui viennent», poursuit Guillaume Luu. Ces approches émanent tant de fonds français et internationaux que d’entreprises. NeoCem cible une levée avoisinant 60 à 70 millions d’euros, qu’elle espère boucler d’ici le premier trimestre 2025.

Brevetée, la solution de NeoCem repose sur l’utilisation de l’argile comme matière première du ciment en remplacement du calcaire. © Lena Heleta