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Ancien château de Tournepuits

À Guînes, une réhabilitation originale d’un patrimoine bâti

Le 29 septembre dernier, la commune a inauguré 9 logements dans l’ancien château de Tournepuits. Visite du chantier porté par la Foncière Chênelet. 

Eric Buy, maire de Guînes, et Anne-Gaëlle Charvet, présidente de la Foncière Chênelet. © Aletheia Press/M.Railane
Eric Buy, maire de Guînes, et Anne-Gaëlle Charvet, présidente de la Foncière Chênelet. © Aletheia Press/M.Railane

Le gros bourg de Guînes (5 620 habitants), à quelques kilomètres au sud de Calais, a su se montrer novateur pour préserver son patrimoine. En effet, le 29 septembre dernier, la commune a inauguré 9 logements sis dans l’ancien château de Tournepuits. Au milieu des axes départementaux du bourg, un terrain autrefois arboré se dissimule. Un site à l’historique riche qui entame une nouvelle vie. «En vérité, on ne sait pas bien d’où vient ce nom de Tournepuits. Cela n’a rien à voir avec le fait de tourner quelque chose dans un puits. On pense que ça vient de l’anglais : TurnPick, qui voulait dire péage», a rappelé Eric Buy, maire de Guînes.

Ici, se situait une dérivation du canal, le Vincelot, et puis un hâble (forme de port) qui amenait les marchandises dans les entrepôts. «Au milieu du XIXe siècle, le site a été vendu au député et maire de Guînes, Narcisse Boulanger, le constructeur du château, qui était célibataire et sans enfant, a poursuivi l’élu. La propriété a ensuite été cédée à une famille qui a construit une ferme, dont on voit encore quelques murets. Vous avez aussi eu Morrisson, une usine anglaise de fabrication de rails. On a aussi retrouvé des bonbonnes de gaz allemand».

Au centre d’un «parc» désormais sans arbre, le petit château, qui était à l’abandon depuis de nombreuses années, trône. Sur sa façade arrière, on voit une excroissance conséquente parée de bois et flanquée d’un escalier de métal. C’est l’accès aux neufs logements qui occupent désormais le lieu. Le chantier, porté par la Foncière Chênelet, a duré deux ans. «Il a fallu un très gros travail de renforcement des fondations. Ici, le terrain est très humide» a expliqué le chef de chantier.

Une opération audacieuse

Pour la Foncière Chênelet, plus habituée aux constructions neuves qu’aux rénovations, le projet était particulier. «Ce fut une aventure joyeuse et douloureuse» a souligné Anne-Gaëlle Charvet, présidente de la Foncière Chênelet. Il faut dire qu’en sus de sa façade arrière, le château a pris de la hauteur avec une surélévation du second niveau «en raison d’une charpente défectueuse (mérule)» ont indiqué ses promoteurs. Si l’embranchement des deux structures (l’ancienne et la nouvelle) ne fut pas simple, elle a permis de disposer de six T3 et de trois T1.

La rénovation s’est faite dans le cadre d’une qualité d’usage manifeste : utilisation de matériaux biosourcés comme le bois, la laine de bois, les laques de gypse, un linoléum naturel, une ossature bois pour la façade arrière isolée  avec des bottes de paille… Ces logements sociaux ont dû remplir des conditions spécifiques pour être éligible au partenariat avec l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah). Il s’agissait d’«expérimenter des solutions de réhabilitation sur des bâtiments vétustes et vacants en centre-bourg pour les transformer en logements sociaux à haute performance énergétique, bas carbone et entièrement adaptés au vieillissement et au handicap» précise le contrat.

Une opération à 2,8 M€

Le château du Tournepuits est devenu une résidence de logements sociaux locatifs avec sa réhabilitation. © Aletheia Press/M.Railane

La maîtrise d‘ouvrage a été assurée par le Bureau calaisien d'architecture et de création et Palabres Architectes. Côté entreprises, Novebat et la Société de construction écologique (SCE) ont notamment œuvré sur ce chantier. L’opération atteint 2,85 millions d’euros dont 1,265 million pris en charge par la Foncière Chênelet, 732 983 euros attribué par l’Anah, 470 000 euros en provenance de trois mutuelles (AG2R, Malakoff Humanis et Ircem). Les pouvoirs publics y ont abondé également : 45 000 euros du Conseil régional et 287 016 euros de la Caisse des dépôts et consignations.

Un projet qui répond à une véritable demande. «Ici, nous avons encore des besoins en terme locatif. Et nous sommes riches en friches industrielles. Nous ne craignons pas la loi Zéro artificialisation» a rappelé le maire de Guînes. De quoi donner d’autres idées aux promoteurs et constructeurs.