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Implantée à Dunkerque

Daudruy Van Cauwenberghe lance la plus importante unité de méthanisation de la région

Raffineur d’huile depuis 1966 à Dunkerque, Daudruy-Van Cauwenberghe a démarré l’exploitation d’une unité de méthanisation qui fonctionne avec des déchets et sous-produits issus de son process. Elle est dimensionnée pour produire jusqu’à 85 GW par an.

L'unité de méthanisation «Nord-Métha» est entrée en fonctionnement le 13 juillet dernier. © Alexis Delespierrehoto
L'unité de méthanisation «Nord-Métha» est entrée en fonctionnement le 13 juillet dernier. © Alexis Delespierrehoto

Avec une production annuelle de 70 GW, soit la consommation de 8 000 foyers, c’est la plus grosse unité de méthanisation industrielle des Hauts-de-France. À terme, elle pourra même atteindre 85 GW annuels. Son exploitation, sous le nom de Nord-Métha, a démarré le 13 juillet dernier au sein de l’entreprise familiale dunkerquoise Daudruy-Van Cauwenberghe. Créée en 1829, la PME (200 salariés) raffine de l’huile depuis 1966. Depuis 2008, elle produit aussi au sein de sa filiale Nord-Esther du biodiesel à partir d’huiles usagées et de graisses animales impropres à la consommation. «Nous raffinons 150 000 litres d’huiles par an pour les marchés français et européens et produisons 150 000 litres de biodiesel», précise Ameline Daudruy, responsable communication.

L’unité de méthanisation fonctionne avec trois digesteurs d’une contenance de 5 500 m3 chacun. Sa mise en place a nécessité trois ans d’études réalisées en interne par le service R&D, deux ans de travaux et un investissement de 15 millions d’euros, dont 1,1 million financé par les fonds européens du FEDER. «Nous sommes vraiment dans une démarche d’écologie industrielle puisque 80 % des entrants dans nos digesteurs proviennent de chez nous», précise Benoît Coffre, manager sécurité-environnement et responsable de Nord-Métha. Il s’agit de co-produits ou de déchets issus du raffinage et du process de fabrication du biocarburant : pâtes de neutralisation, boues de station d’épuration, terres de filtration ou encore glycérine. «Les 20% restants sont des fibres et de l’azote, comme de la poussière de lin ou encore des déchets d’oignons, que nous venons ajouter car sans eux, le processus de méthanisation ne peut pas se faire», ajoute-il.

Rattraper le retard du territoire sur les gaz verts

Le biogaz obtenu par méthanisation est épuré pour donner d’un côté, du biométhane, un gaz vert de même composition que le gaz de ville naturel qui est injecté directement sur le réseau grâce à un poste installé par GRDF. De l’autre, du CO2, qui, à court terme, sera capturé et valorisé. «C’est vraiment une volonté de la direction du site d’arriver au 0 déchet», commente Benoît Coffre. Quant au digestat, qui représente quand même 90 % du process de méthanisation, son excellent pouvoir fertilisant en fait un allié des agriculteurs, avec lesquels la signature d’une convention d’épandage est en cours pour des parcelles dans un rayon de 10 km autour de l’usine.

Nord-Métha permet au territoire dunkerquois de rattraper un peu son retard sur le champ des gaz verts, alors même que l’Etat souhaite que ceux-ci représentent 20 % de la consommation en France d’ici 2030. Sans compter la décarbonation entreprise par le territoire qui va entraîner une forte augmentation des besoins en gaz.