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Implanté à Lesquin

Nord Pal Plast s'arme de l'IA

Le site de Lesquin, spécialisé dans la valorisation des bouteilles en polytéréphtalate d'éthylène (PET), vient d'installer sur deux de ses machines un système d'optimisation du tri à base d'intelligence artificielle. Et entend par ailleurs doubler sa production sous cinq ans grâce à un investissement massif. 

Vincent Démaret, directeur du site Nord Pal Plast.
Vincent Démaret, directeur du site Nord Pal Plast.

«Ici, vous êtes dans le temple du recyclage du plastique», prévient Frédéric Durand. Le directeur France de l'entreprise norvégienne de recyclage Tomra (5 000 salariés, 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires) vient d'équiper d'intelligence artificielle deux de ses machines installées il y a douze ans au sein de l'entreprise de valorisation du plastique Nord Pal Plast, à Lesquin. Entre 2020 et 2022 en effet, 18 millions d’euros ont été investis sur le site racheté en 2019 par le groupe italien Dentis, pour l’ajout d’une nouvelle ligne de production et l’implantation, donc, de l’intelligence artificielle sur les lignes de tri.

Cette technologie, intitulée GAIN PET Cleaner, aide la première machine de tri à récupérer les faux rejets pour les remettre dans le flux positif. Sur la seconde, l'IA intervient dans la purification des flux et l’éjection du polytéréphtalate d'éthylène (PET) blanc opaque, typique des bouteilles de lait et que Nord Pal Plast ne traite pas. L'usine se concentre en effet pour le moment sur la valorisation des bouteilles PET transparentes, bleues ou vertes. Celles-ci sont triées, broyées et nettoyées pour obtenir ce que l'on nomme des paillettes. 

Classées par couleur, pures à près de 100%, elles seront vendues 800 à 1 700 euros la tonne pour fabriquer de nouvelles bouteilles («bottle to bottle»). Les paillettes non utilisables serviront quant à elles, par exemple, à la confection de vêtements. À ce jour, Nord Pal Plast, qui compte 40 salariés et 22 millions d'euros de chiffre d'affaires, traite près de 40 000 tonnes par an de PET.

Deux machines de tri sont désormais équipées d'un système à base d'intelligence artificielle.

«Les capteurs optiques ont permis de diviser par deux le taux de refus»

Pourquoi avoir eu recours à l'intelligence artificielle ? «Le recyclage, c'est de la Formule 1. C'est là où il faut exceller. Or l'IA vient augmenter la qualité», résume le directeur de Tomra, l'un des leaders mondiaux du recyclage. Vincent Démaret, directeur du site, confirme : «Nous allons atteindre des niveaux de pureté inatteignables à ce jour. La courbe d'apprentissage de la technologie GAIN va permettre d'obtenir des performances encore plus radicales au fil du temps. Les capteurs optiques installés sur les lignes ont déjà permis de diviser par trois la quantité de particules indésirables et de diviser par deux le taux de refus. Nous envisageons, grâce à cette nouvelle technologie, d’élargir notre sourcing aux bouteilles de boissons lactées».

Les paillettes multicolores issues du broyage du plastique.

50 à 80 millions d'euros d'investissement

Et ce n'est pas le seul projet de Nord Pal Plast. Son propriétaire, coté en bourse, compte investir 50 à 80 millions d'euros d'ici cinq ans dans son usine française. «L’objectif de Dentis est d'arriver à une capacité de 100 000 tonnes par an. Cela va passer par des investissements pour doubler les installations existantes. Il faudra sans doute un second site pour accueillir de nouvelles lignes, avec sans doute une unité de fabrication de granulés», dévoile le directeur du site. Cela correspondrait à l'embauche de 30 à 40 personnes.

À l'horizon 2025, la législation européenne imposera aux fabricants que leurs bouteilles soient faites de plastique recyclé à hauteur de 25%. Un taux qui grimpera à 30% dès 2030. De quoi faire briller encore un peu plus les précieuses paillettes de Nord Pal Plast.

Les balles de plastique sont prêtes à être traitées.