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Rencontre avec Jacques Triponel, délégué régional de l'Apec Hauts-de-France

«Le marché du recrutement des cadres reste tendu»

Après une surenchère sur le marché du travail début 2021 et des tendances de marché très élevées, le marché de l'emploi des cadres retrouve des tendances normales en cette fin 2023. En Hauts-de-France, les offres d'emploi cadre ont augmenté de 3% par rapport au niveau d'avant crise.

Jacques Triponel, délégué régional Apec Hauts-de-France. © Lena Heleta
Jacques Triponel, délégué régional Apec Hauts-de-France. © Lena Heleta

Alors que les entreprises continuent de rencontrer des difficultés de recrutement – les sociétés des Hauts-de-France n'échappent évidemment pas à la règle –, en région, les offres d'emploi de cadres connaissent un léger fléchissement : 57 000 offres début 2023 contre 46 299 mi-novembre. Des chiffres pour lesquels il n'y a pas lieu de s'inquiéter, selon Jacques Triponel, récemment nommé délégué régional de l'Apec Hauts-de-France : «Il ne faut pas prendre ces chiffres comme un retournement de tendance. En 2022, il y a eu de nombreuses intentions de recrutements avec 18 800 cadres recrutés. De façon générale, on observe surtout une hausse de 3% des offres par rapport à l'avant-crise.»

Volatilité du marché

246 000 cadres travaillent dans les Hauts-de-France – soit 6% de l'effectif cadre au niveau national – et plus de 31 000 demandeurs d'emploi sont à la recherche d'un emploi cadre. Même s'ils sont plus nombreux qu'au national à exercer des responsabilités hiérarchiques (48% versus 41%), les cadres dans les Hauts-de-France ont une rémunération inférieure à la moyenne nationale (50 K€ versus 52 K€).

Et sur des domaines d'activités qui diffèrent du national : «L'industrie est davantage présente (+ 2 points par rapport à la moyenne nationale, soit 19% de l'emploi cadre régional), c'est un réel atout régional car un territoire avec une industrialisation importante est davantage armé. Par contre, les services à forte valeur ajoutée sont moins présents (35% contre 46%)», poursuit Jacques Triponel. Suivent ensuite les autres services, le commerce et la construction.

Sans surprise, le Nord, et plus spécialement la métropole lilloise, tirent la majorité de l'emploi cadre avec 18% de la part régionale (12% pour l'Oise, 10% pour la Somme, 9% pour l'Aisne et le Pas-de-Calais), soit 155 000 emplois. Par contre, 37% des cadres projettent de changer d'entreprise dans les 12 mois, dont 14% dans les trois mois. «C'est beaucoup et c'est le signe d'une volatilité du marché. Comme le marché est plus tendu, les cadres ont davantage de latitude. Mais il n'y a pas eu de gros rushs de démissions post-Covid. Même si clairement, on ressent une quête de sens, bien au-delà de la rémunération» détaille Jacques Triponel.

18 000 cadres recrutés en 2022

Les entreprises doivent adapter leurs méthodes de recrutement : si les salons persistent, beaucoup de recrutements se font sur des offres «non formelles» et c'est tout l'enjeu de l'Apec, d'accompagner ces mutations : «A l'échelle nationale, nous avons accompagné entre 140 et 150 000 cadres l'an dernier. Il faut surtout que l'on passe un message : nos services sont préfinancés par les cotisations et sont donc gratuits pour les candidats, qu'ils soient activité, jeunes diplômés ou demandeurs d'emploi».

L'Apec Hauts-de-France a récemment mis en place de nouveaux ateliers sur les métiers en lien avec la transition énergétique ou a mis l'accent sur l'emploi des seniors. «Si les entreprises ne trouvent pas, elles doivent faire un pas de côté. Aujourd'hui, le recrutement se joue autour des conditions de travail. Les offres sans télé travail, par exemple, ont beaucoup moins de candidats. Les entreprises qui valorisent leur plan Climat attirent plus. Il y a clairement une professionnalisation des recrutements. Il faut raisonner l'entreprise».

Jacques Triponel, du Grand-Est aux Hauts-de-France

Avant d'arriver à la direction régionale des Hauts-de-France, Jacques Triponel occupait le même poste en région Grand-Est depuis 2016. Il a intégré l'Apec en 1991 en tant que consultant, pour ensuite occuper différents postes : responsable de centre de Mulhouse, de Nancy et de Metz, et à partir de 2007, respnsable du centre Apec de Marseille. Jacques Triponel succède à Valérie Fénaux, désormais directrice régionale en Nouvelle Aquitaine. L'Apec compte 12 délégations régionales sur l'ensemble du territoire national.