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Perspectives 2024

Le Medef Lille Métropole inquiet pour la rentabilité des entreprises

Alors que 2023 avait déjà été une année difficile pour les entrepreneurs, 2024 ne s'annonce pas forcément sous de meilleurs auspices et le Medef Lille Métropole tire la sonnette d'alarme, notamment sur la fiscalité qui pèse lourdement sur les entreprises.

«On a bon espoir de relancer l'économie après le premier trimestre 2024», espère Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole. © Lena Heleta
«On a bon espoir de relancer l'économie après le premier trimestre 2024», espère Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole. © Lena Heleta

Hausse du prix des matières premières, coût de l'énergie, dégradation du marché du travail, contexte géopolitique fragile... malgré la solidarité entrepreneuriale, les chefs d'entreprise peinent à sortir la tête de l'eau et pour la moitié d'entre eux, la rentabilité est leur défi prioritaire pour 20241. «Nous sommes confrontés à trois défis : le désendettement public – 492 milliards de dépenses publiques –, le cap du plein emploi et le financement de la nouvelle économie» a présenté Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole, dans un contexte de défi autour des transitions environnementale, démographique et numérique.

Augmentation du coût du travail

«La fiscalité par salarié a grimpé de 5,5% à cause de l'augmentation de la CFE (Cotisation Foncière des Entreprises) et du versement mobilité (contribution patronale versée par toutes les entreprises d'au moins 11 salariés pour financer les transports en commun, ndlr). C'est 100€ de plus qu'il y a deux ans» déplore Yann Orpin.

A quoi s'ajoute les évolutions fiscales apportées par la loi de financement de la Sécurité Sociale et la future suppression de la CVAE (Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises), étalée jusqu'en 2027 et non totalement en 2024 comme il était prévu initialement. «Nous estimons ce report à plus de 4 milliards d'euros pour les entreprises. La baisse des aides se traduit forcément par une augmentation directe de la fiscalité des entreprises et le sujet de préoccupation des TPE/PME actuel, c'est la baisse de leurs marges».

Et le président de déplorer les taxes comme celle sur les services numériques (800 M€/an) ainsi que sur l'exploitation de certaines infrastructures de transport de longue distance (600 M€), pour financer la nécessaire transition écologique. «Il y a une crispation au niveau des entreprises. Et gérer les normes en plus est un énorme coût» poursuit le président du Medef lillois qui fustige également la décision de la Cour de cassation européenne estimant que les dispositions du droit français relatives aux congés payés ne sont pas conformes au droit de l'Union Européenne.

Autrement dit, le salarié acquiert des congés payés lorsqu'il est malade, avec des conséquences de l'ordre de 2,7 milliards d'euros par an pour les entreprises alors que les arrêts de travail ont coûté 14 milliards d'euros en 2022 (+8%). «La France arrive en tête des pays les plus taxés sur les arrêts maladie. On attend du Gouvernement qu'il légifère» lance Yann Orpin.

L'immobilier en crise

Autre sujet de crispation, la suppression du Pinel : à partir du 31 décembre 2024, il ne sera plus possible d'acquérir de nouveaux biens sous ce régime. Un coup dur pour les investisseurs, en plus de l'augmentation des taux d'intérêt : le Medef estime la perte de recettes en moins pour les collectivités de l'ordre de 8 à 11 milliards d'euros en 2024 et en 2023, entre 3 et 4 milliards d'euros, à cause de la baisse de 30% de l'activité immobilière.

Le Medef Lille Métropole mobilisé

Si le Medef s'attend à un premier trimestre 2024 difficile pour les entreprises, il espère une relance rapide de l'économie, avec une baisse de l'inflation, une remontée de la consommation et une diminution de la dette publique – 58% de dettes publiques en France – afin de relancer l'économie. Au Medef Lille Métropole, on ne baisse pour autant pas les bras et on mise beaucoup sur l'intelligence artificielle pour booster le tissu entrepreneurial alors que seulement une entreprise sur 15 se sentirait concernée : «L'IA est devenue un sujet de formation et on veut que les Hauts-de-France s'emparent de ce sujet puisqu'un tiers ses emplois seront impactés : Bpifrance prévoit de prendre jusqu'à 80% du coût d'une formation» précise Yann Orpin.

Le président souhaite aussi s'emparer du sujet de la transmission d'entreprise alors que 37 600 entreprises sont à vendre dans les Hauts-de-France, pour plus de 135 700 emplois : un outil numérique facilitant les contacts sera lancé dans les prochaines semaines, en collaboration avec le Medef Lille Métropole et l'IRD, destiné à «accélérer le mouvement de la transmission».

1. Source EuroGroup.