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Vérité et mensonges

Compagnons de scène depuis de nombreuses années – à quand une reprise de Un mage en été, l’un des spectacles enchanteurs de la dernière décennie –, le metteur en scène Ludovic Lagarde, l’auteur Olivier Cadiot, et le comédien Laurent Poitrenaux se retrouvent autour de l’adaptation de La Collection, une pièce d’Harold Pinter créée en 1962 par la Royal Shakespeare Company.

© Gwendal Le Flem
© Gwendal Le Flem

Dans cette pièce fascinante oscillant entre réalisme et abstraction, Harold Pinter imagine un jeu de pistes relationnelles, source de multiples embryons de fiction où le spectateur se forge sa propre interprétation. L’intrigue emprunte sa forme à la fois au roman noir et au drame passionnel : James veut savoir la vérité sur ce qui s’est passé une nuit dans un hôtel de Leeds entre sa femme Stella, et Bill, tous deux créateurs de mode. Tandis que Bill vit chez Harry dans une villa de Belgravia, un quartier huppé de Londres, Stella habite avec James dans un appartement de Chelsea, le quartier des artistes. Quelle est la vraie nature du lien qui unit Harry et Bill ? Que cherche vraiment James ? Et Stella que veut-elle ?

© Gwendal Le Flem

Magnifiés par un quatuor d’acteurs de haut vol – Valérie Dashwood, Mathieu Amalric, Micha Lescot et Laurent Poitrenaux –, les personnages naviguent entre fantasme et jalousie à la recherche d’une vérité insondable. Cependant plus chacun pense s’approcher de la vérité, plus elle lui échappe car le mensonge s’insinue partout. Et Ludovic Lagarde de tracer un pertinent chemin entre passé et présent : «Depuis 1961, date de l’écriture, l’arrivée fulgurante des outils numériques, des téléphones portables et des réseaux sociaux, a changé notre rapport à la connaissance et à la vérité. La surveillance, le contrôle, les algorithmes ont envahi nos vies. Nous sommes censés tout voir, tout savoir en temps réel grâce aux nouvelles technologies, et pourtant…  Plus la vérité semble offerte, plus le mensonge est colporté. Plus les techniques de dématérialisations progressent, plus la vérité semble nous échapper. Une autre vie, la seconde, celle de notre existence virtuelle, nous suit comme une étoile ou comme une ombre. Alors que deviennent aujourd’hui ces personnages créés par Pinter il y a plus de cinquante ans, qui semblent flâner dans la ville moderne, à l’avant-garde de nos modes d’existences ?». Grâce à une scénographie donnant à voir simultanément les deux intérieurs, le spectateur observe ces personnages comme s’ils étaient sous surveillance mais les apparences sont souvent trompeuses…

© Gwendal Le Flem

Représentations le 4 mars à 19h et le 5 mars à 20h à l’Hippodrome, place du Barlet à Douai. Renseignements et réservations au 03 27 99 66 66 ou sur www.tandem-arrasdouai.eu