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11e édition du «Next Festival» jusqu’au 1er décembre

Festival transfrontalier unique en Europe – réunissant 25 structures culturelles flamandes, wallonnes et françaises –, le «Next Festival» s’impose comme l’un des rendez-vous hexagonaux majeurs de la création contemporaine avec près de 12 000 spectateurs l’an dernier. L’édition 2018 accueille réunit 45 spectacles à découvrir autour du théâtre, de la danse, de la performance ou des arts plastiques. Focus sur quelques escales immanquables de cet exaltant voyage.

Le Procès © Magda Hueckel
Le Procès © Magda Hueckel

Guerrilla

Collectif  suisso-catalan, El Conde de Torrefiel propose un théâtre frontal et incisif, débarrassé de l’accessoire et de l’artifice, où se dévoilent nos modes de vie contemporains et futurs. Agglomérant des fragments d’un récit d’anticipation décrivant une planète submergée par la guérilla avec des récits de vie de femmes et d’hommes anonymes, le texte projeté sur un écran dialogue avec trois tableaux de la vie ordinaire. Le premier met en scène des personnes venus assister à une conférence, le deuxième donne à voir une séance de taï-chi et le troisième nous plonge dans une rave party. Entre installation plastique, projection cinématographique et  représentation scénique, Guerilla peint, avec une redoutable acuité, un monde en crise au bord du chaos.
10 novembre à 19h au Phénix à Valenciennes.

 

Macbettu

Dans cette adaptation de Macbeth, le metteur en scène Alessandro Serra jette un pont entre deux mondes : l’Écosse médiévale et la Sardaigne. À la tristesse du paysage écossais fait écho celui de la barbare Barbagia en Sardaigne. L’idée de rapprocher ces deux univers lui est apparue comme une évidence lors d’un reportage photographique pour le carnaval de Barbagia où les masques, les sons, les chants et les danses folkloriques l’ont inspiré. Il a transposé tous ces éléments sur un plateau nu tandis que huit comédiens masculins, comme dans la tradition élisabéthaine, incarnent tous les rôles avec force et finesse au milieu des pierres, du fer et du sang. Un Shakespeare totalement revisité.
12 novembre à 19h et 13 novembre à 20h à la Rose des Vents à Villeneuve d’Ascq.

 

Pauline Thomas

Ce spectacle signé du chorégraphe flamand Jan Martens met en regard deux duos. Le premier, A small guide on how to treat your lifetime companion créé en 2011, s’inspire du film de François Ozon, 5×2, mettant en lumière cinq moments clés de la vie d’un couple. C’est une peinture du couple comme une danse à deux, à la fois réconfortante et conflictuelle. La seconde pièce, a contrario, cherche à s’éloigner de l’idée de couple. Peut-on faire un duo homme/femme qui ne parle pas d’amour ? Jan Martens s’appuie sur l’album Learning, du chanteur Perfume Genius. Une musique minimaliste mais qui dissimule des paroles plus graves. Jan Martens transpose alors cela dans l’écriture : des gestes chorégraphiques simples qui suscitent une réflexion plus profonde.
16 novembre à 21h au Gymnase à Roubaix, 19 novembre à 19h et 20 novembre à 20h au Bateau Feu à Dunkerque, 25 novembre à 17h à la Barcarolle à Arques.

 

Le Procès

Le Procès © Magda Hueckel

 L’immense metteur en scène polonais Krystian Lupa, familier des auteurs de langue allemande, aborde pour la première fois l’œuvre de Franz Kafka. Tout commence au printemps 2015 alors que débutent les répétitions avec sa troupe du Théâtre Polski de Wroclaw. Lesquelles s’arrêtent brutalement après la nomination d’un nouveau directeur, un acteur de sitcom, ami du pouvoir ultra-conservateur de Varsovie. Protestations, grève, émoi international… Cependant, avec le soutien de plusieurs théâtres de Varsovie et de l’étranger, Krystian Lupa a pu remettre son spectacle en chantier puis le créer au Nowy Teatr à Varsovie à l’automne 2017. Au croisement de la fiction et de la réalité où s’insinue l’engrenage de l’arbitraire, sa version du Procès porte les stigmates de cette histoire. «C’est le récit le plus mystérieux et le plus provocant de la littérature mondiale. Plus nous nous immergeons dans ces phrases persistantes, plus les choses s’obscurcissent… Nous ne saurons pas non plus s’il est vraiment innocent… Lui aussi l’ignore… Il sait de moins en moins mais il entreprend une lutte désespérée, un combat inégal contre l’inconnu (…) Pourtant l’insistante vérité de ce qui se passe nous empêche de nous tenir à l’écart», souligne Krystian Lupa, conscient que l’absurdité dénoncée par Kafka résonne étonnamment avec l’actualité… Un grand moment de théâtre où le plateau dévoile un troublant miroir de notre époque.
16 & 17 novembre à 18h au Théâtre du Nord à Lille.

 

The Ring of the Dove

Performeur, plasticien, sculpteur et vidéaste, Mehdi-Georges a beaucoup créé hors du plateau avant de se l’approprier avec maestria, imaginant de passionnantes propositions polysémiques où le corps est au centre d’un voyage sensoriel. Sa nouvelle création est inspirée du Collier de la colombe – écrit par le poète Ibn Hazm au XIe siècle – mêlant réflexions, souvenirs et poèmes pour évoquer – des prémices de la passion à la trahison –, toutes les péripéties d’une relation amoureuse. Un spectacle multidisciplinaire fusionnant danseur, vidéo, texte et musique avec un contre-ténor interprétant des arias d’Haendel sur des sourates du Coran. Soit un détournement du sacré et des symboles religieux qui hante son travail depuis toujours.
21 et 22 novembre à 20h30 au Phénix à Valenciennes.

 

Wedding

Figure emblématique du théâtre lituanien, Oskaras Koršunovas est l’un des maîtres du théâtre européen. Dans Wedding, inspiré de la pièce La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht, Oskaras Koršunovas s’entoure de comédiens sidérants pour nous livrer une comédie burlesque délirante. Un spectacle où les invités du mariage perdent au fil du repas leur bonne humeur tandis que s’effondrent bruyamment l’un après l’autre les meubles que le marié avait construits de ses propres mains… Oskaras Koršunovas s’empare avec virtuosité de cette farce transgressive, porté par personnages excessifs, hystériques et drôles.
27 & 28 novembre à 20h à la maison de la Culture de Tournai.

 

Hate

Découvrant le travail avec un cheval lors du tournage d’un film aux Etats-Unis, Laetitia Dosch décèle alors une écoute et une délicatesse qui renvoient à une relation utopique entre l’Homme et l’animal. Cette relation devient la métaphore d’un lien idéal de l’Homme à son semblable : «Cela me semble une sorte d’antidote à toute la violence que l’on vit actuellement» confie ainsi l’artiste franco-suisse. S’inspirant de la sculpture et de la peinture, l’actrice nue au plateau, est seule avec son cheval. La chorégraphie met leurs corps en contact : tantôt ils dialoguent, tantôt le cheval doit inventer son langage. Elle nous offre ses mots, portant une attention constante à son partenaire à la présence intense. Un duo qui nous invite à repenser notre relation au règne animal.
30 novembre à 19h et 1er décembre à 20h la Rose des Vents à Villeneuve d’Ascq.

Programme complet et réservations sur www.nextfestival.eu