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Bilan 2023 et perspectives 2024

À Coquelles, le développement pluriel de Getlink

C’est l’une des très bonnes nouvelles économiques de la Côte d’Opale, Getlink surperforme. Ses efforts dans la diversification de ses activités de transport dénotent une évolution de sa stratégie.

Yann Leriche, directeur général de Getlink. © Getlink
Yann Leriche, directeur général de Getlink. © Getlink

À l’heure d’évoquer les très bons résultats affichés par le groupe, le directeur de Getlink, Yann Leriche, tient à les remplacer dans un contexte plus large. «Nous avons eu deux années difficiles. La pire, c’était 2021. Même si le Covid était moins présent, malgré tout, les vagues se succédaient. Le timing était différent en France et en Grande-Bretagne. En 2021, nous n’avons pas eu une seule journée sans restriction sanitaire» souligne-t-il.

Les conséquences financières ont été lourdes. «Au final, c’est 220 millions d’euros de perte en 2021, et 110 millions en 2020. Oui, nous allons mieux, c’est le fruit de beaucoup de travail. Nous avons creusé un trou en 2020 et 2021 et il faut le résorber. Avec une dette non-négligeable» poursuit Yann Leriche. Pour mémoire, l’activité en 2020 était de 816 millions d’euros (dont près des deux tiers dans l’activité transmanche). Alors, 77% des Eurostar étaient arrêtés. Seule la filiale Europorte surnageait, avec une baisse de 3%. De son côté, la filiale ElecLink (qui transporte de l’électricité entre le Royaume-Uni et la France) n’était pas opérationnelle.

Bientôt 2 milliards de chiffre d’affaires ?

Deux ans plus tard, le renversement est à l’échelle de l’ouvrage : le groupe a facturé le double avec 1,606 milliard d’euros ainsi répartis : 1,05 milliard d’euros chez Eurotunnel (+63%), 137 millions chez Europorte (+5%) et 420 millions pour ElecLink (de mai à décembre 2022). Mieux : mi 2023, l’activité du groupe s’approchait déjà du milliard d’euros (934 millions d’euros, soit une hausse globale de 68%), affichait un résultat net putatif de 159 millions d’euros et une trésorerie à 1,3 milliard d’euros… Dans le triptyque d’activités, Eurotunnel dépassait les 530 millions (+13%), Europorte bondissait de 7% à 73 millions et ElecLink grimpait à 330 millions.

La perspective de dépasser les deux milliards de chiffre d’affaires en 2024 semble être dans l’ordre du développement accéléré du groupe. Seule réserve tangible aujourd’hui, la volatilité du secteur énergétique qui peut rapidement changer l’étiage d’activité d’ElecLink. Au troisième trimestre 2023, son chiffre d’affaires a ainsi baissé de 11% par rapport au troisième trimestre 2022. «L’énergie restera un secteur volatile, il faut s’y habituer. Mais ça veut aussi dire que l’interconnexion est plus que jamais nécessaire. Il faut qu’elle soit pilotable» indique le directeur général.

Futur opérateur ferroviaire ?

Que faire avec autant de cash et un modèle de plus en plus optimisé ? «Conforter notre rôle de leader sur le transmanche et dans les transports» clame la direction. Aller sur d’autres terrains avec des opérateurs ferroviaires partenaires ? L’arrivée de l’entreprise familiale espagnole Evolyn (déjà présente en Grande-Bretagne) - qui lance un service ferroviaire à grande vitesse via le tunnel sous la Manche et acquiert entre douze et seize trains chez Alstom - ouvre une porte actionnariale. Le tour de table total n’a pas été communiqué par Evolyn. Alors, Getlink opérateur ferroviaire ? «Nous sommes un acteur du transport de personnes, de marchandises et d’électrons. Cela aurait du sens» répond Yann Leriche.

La perspective de dépasser les deux milliards de chiffre d’affaires en 2024 semble être dans l’ordre du développement accéléré du groupe. © Getlink

Virage environnemental

En attendant, le groupe veut prendre le virage environnemental : «Sur le climat, nous faisons beaucoup. Nos agences de notation regardent nos émissions. Un paradoxe alors que nous en avons peu» sourit le cadre qui inscrit l’aspect environnemental dans ses comptes. «Nous sommes les seuls, parmi les sociétés cotées, à afficher une marge décarbonée et à faire le lien entre le financier et l’extra-financier». Le groupe comptabilise ainsi une facture virtuelle correspondant à ses émissions de dioxyde de carbone sur une base de 197 euros par tonne. «Cela représente 3% de marge en moins pour nous. Un cabinet a fait des calculs comparables avec les 120 premières entreprises françaises. Il en restait 37 rentables...» constate Yann Leriche.

Autre corde à son arc, les espaces fonciers du groupe qui a lancé des travaux du côté français. Il réaménage et agrandit son site en vue d’installer une nouvelle zone dédiée aux voyageurs extra-Schenghen et un nouvel espace pour les passagers accompagnés d’animaux de compagnie. Propriétaire de 800 hectares (650 ha en France et 150 ha en Grande-Bretagne), le groupe entend installer «massivement» des panneaux solaires pour sa propre consommation. Les toitures devraient être la première option. Le directeur général a annoncé plusieurs dizaines de millions d’euros dans cet investissement. Le projet ElecLink aura ouvert de nouvelles portes de développement.