Brasserie 3 Monts : le goût de la tradition familiale

Dans les locaux de la Brasserie 3 Monts, les portraits familiaux ornent les murs ; depuis sa création en 1920 par Rémi Ricour, l'arrière grand-père de Pierre Marchica, l'actuel dirigeant, la brasserie n'a jamais quitté son lieu d'origine, à Saint-Sylvestre-Cappel – même si elle s'est considérablement agrandie depuis.

«À l'origine, la brasserie s'appelait 'Ricour-Sauvage', du nom de mon arrière-grand-père et de son épouse. Ils vendaient de façon artisanale, avec des chariots et en fait, ils n'allaient jamais au-delà des trois monts parce que c'était trop lourd ! Quand mes oncles ont repris dans les années 80, ils se sont dits qu'il fallait aller au-delà de ces monts et c'est ainsi qu'est né le nom actuel» explique le dirigeant.

Une soixantaine de références

Arrivé à la tête de l'entreprise en 2011, Pierre Marchica est aussi à la tête de l'association des Brasseurs Hauts-de-France, avec l'ambition de faire grossir la brasserie tout en conservant ce qui en fait son succès : l'authenticité et le caractère. En 11 ans, l'entreprise est passée de 5 M€ de chiffre d'affaires à 25.

«Avec 12 bières¹ différentes, nous avons une soixantaine de références. Pour passer à la vitesse supérieure, on a constitué des équipes, établi une vision, posé les ambitions et surtout, on a investi» détaille-t-il. Au total, 12 millions d'euros investis depuis 2011, notamment dans les 24 cuves de fermentation et dans une toute nouvelle salle de brassage en 2015. «Nous utilisons des techniques modernes tout en conservant des recettes artisanales. Etre bien équipés nous permet d'être productifs et de maintenir une qualité de nos produits».

Très consommateur d'eau – entre 5 à 6 litres d'eau pour 1 litre de bière – le brassage est savamment orchestré chez 3 Monts : «ici, on est à 3,2 litres d'eau pour un litre de bière. On est quasiment les seuls de France.» Mais côté coût de l'énergie, Pierre Marchica est plus mesuré : «Notre facture va doubler à partir de 2024. On a été contraints d'augmenter nos prix avec l'augmentation du coût des matières premières.»

Majoritairement présents en grande distribution (à peu près de 85% du chiffre d'affaires), 3 Monts souhaite accélérer sur les cafés-hôtels-restaurants, avec l'ambition d'atteindre un tiers de l'activité. À échéance 2025-2027, la brasserie devrait produire dans les 200 000 hectolitres pour un chiffre d'affaires de 30 à 35 M€. «Nous avons beaucoup de travail à faire» sourit le dirigeant, pour poursuivre : «La diversité fait la richesse du marché. C'est une opportunité pour accompagner le changement des entreprises industrielles. Et depuis plusieurs années, les brasseurs ont gagné des parts de marché sur les autres boissons, la bière est devenue beaucoup plus 'hype' que le vin».

200 brasseries dans les Hauts-de-France

Deuxième région productrice en volume après l'Alsace, les Hauts-de-France compte 200 brasseries, soit 10% du volume français. «Ce qui différencie notre région, c'est la diversité brassicole : il y a des micro-brasseries, des plus importantes, des centenaires...Les micro-brasseries ont clairement modernisé l'image de la bière» poursuit Pierre Marchica qui soutient ardemment la candidature de la Flandre à l'implantation de la Cité de la Bière. Ce futur lieu – dont l'ouverture n'est prévue qu'en 2026 –, devrait allier patrimoine, événementiel, convivialité... Quatre territoires se sont positionnés pour accueillir ce futur vaisseau amiral : l'Arrageois, la Sambre-Avesnois, Pévèle-Carembault et la Flandre intérieure.

«Ce qui fait notre signature, c'est la levure qui a été isolée par mon grand-père dans les années 80, en fait nous visons toujours un mélange entre un équilibre gustatif et la finesse». Avec la moitié de sa distribution dans les Hauts-de-France, 3 Monts continue d'ancrer son histoire dans le paysage brassicole régional tout en s'adaptant aux évolutions du marché et du goût des consommateurs.

1. L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.