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Bio-technologie

Depuis Loos, HCS Pharma part à la conquête de l'Asie

Société de bio-technologie implantée à Loos, HCS Pharma se veut l'interface entre les industries pharmaceutiques et la recherche pour améliorer les phases cliniques et accélérer la mise sur le marché des médicaments. Créée par Nathalie Maubon, la biotech va bientôt fêter ses 10 ans.

Nathalie Maubon, fondatrice d'HCS Pharma.
Nathalie Maubon, fondatrice d'HCS Pharma.

Entre 10 et 20 ans : c'est le temps qu'il faut pour qu'un médicament soit mis sur le marché. Les réglementations imposent des tests de plus en plus poussés qui coûtent cher aux industries pharmaceutiques. «70% du coût d'un médicament passe dans la recherche clinique. En moyenne, la recherche et développement d'une seule molécule avoisine les 2 milliards d'euros» explique Nathalie Maubon.

Forte d'une expérience de plus de 15 ans dans le parcours et le devenir du médicament, Nathalie Maubon a voulu se lancer dans l'entrepreneuriat après un constat : la nécessité de modifier les procédés de recherche de médicaments avec des phases précliniques beaucoup plus efficaces. «Quand on arrive au stade clinique, soit les molécules sont toxiques, soit elles manquent d'efficacité. Seules 10% des molécules arrivent à passer les phases cliniques et donc, à être mises sur le marché» détaille la scientifique. Et sur les maladies dites complexes – maladies neurodégénératives, maladies métaboliques et cancers –, ce pourcentage est encore plus faible (3% pour les cancers, ndlr).

Améliorer la mise sur le marché des médicaments

Un constat coûteux qui incite les industries pharmaceutiques à fermer leurs centres de recherche pour se tourner vers la recherche publique ou les start-ups. «En 2014, j'ai décidé de me mettre à l'interface entre la recherche académique et l'industrie pharmaceutique tout en modifiant les procédés. J'ai donc créé HCS Pharma (pour High Content Screening), d'abord à Rennes puis à Lille en 2017, étant originaire de la région. Mon objectif ? Développer des modèles cellulaires beaucoup plus pertinents, en recréant toute la complexité d'une maladie et d'un organe malade» explique-t-elle. Les molécules seront ensuite analysées dans un environnement qui se rapprochera le plus d'un corps malade.

C'est via une technologie de rupture unique au monde qu'HCS Pharma peut y parvenir, en recréant une matrice extracellulaire en 3D qui reproduit les environnements des différents organes humains, tels que le cerveau et le foie. Ces «mini-organes» permettent ainsi aux scientifiques de valider in vitro les résultats scientifiques constatés sur les modèles in vivo (comme la souris).

A Loos, le laboratoire reproduit des mini-organes pour pouvoir tester les molécules.

«À l'origine de cette technologie, on trouve l'entreprise Celenys, à Rouen. Faute d'investisseurs, elle a fait faillite en 2017 et j'ai décidé d'internaliser cette compétence dans HCS Pharma car il était impensable de laisser partir en fumée une telle technologie de rupture» se rappelle la dirigeante.

Un marché international

HCS Pharma ambitionne donc de développer des modèles cellulaires en collaboration avec la recherche académique et de se positionner comme une société de services auprès d'industries pharmaceutiques, des industries agroalimentaires et de cosmétique ensuite.

Un développement sur le long terme, à l'image de celui des biotech, qui nécessite des fonds importants. Nathalie Maubon estime son besoin en financement de l'ordre de 20 M€ et se tourne actuellement vers l'Asie, continent «très ouvert à l'innovation». «Malheureusement je n'ai trouvé aucun investisseur français, européen ou américain. En France, on investit plutôt dans le software et pas assez dans les technologies de rupture» regrette-t-elle.

Un bureau en Chine est prévu pour 2024 et il viendra compléter les 16 collaborateurs – essentiellement des chercheurs et des techniciens scientifiques – basés à Loos. Mais aussi inscrire dans la durée une coopération scientifique et industrielle avec la Chine avec un soutien financier par des fonds chinois et la création d'une cinquantaine d'emplois en un an, ainsi que la poursuite des recherches collaboratives avec les laboratoires académiques régionaux et nationaux.

«Pour moi, l'avenir de la médecine sera en Asie et particulièrement en Chine. La recherche fondamentale restera en France mais ces collaborations pourront offrir un déploiement international à HCS Pharma» ambitionne la dirigeante.