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Enquête annuelle de la Banque de France

Économie régionale : une croissance ralentie en 2023

À travers son enquête annuelle, la Banque de France fait état d'une timide croissance mais une croissance tout de même pour les services marchands, les industries et le BTP en Hauts-de-France et insiste sur une récession évitée. Une stabilisation du paysage conjoncturel dans un contexte de désinflation : c’est donc le bilan 2023 que l’on peut tirer de l'institution bancaire. La prudence reste de mise pour 2024.

En 2023, les industries agro-alimentaires se sont démarquées avec une croissance plus marquée. © Seventyfour
En 2023, les industries agro-alimentaires se sont démarquées avec une croissance plus marquée. © Seventyfour

Comme chaque année, la Banque de France interroge des milliers d'entreprises issues de l'industrie, du bâtiment, des travaux publics et des services marchands sur leurs investissements, leur rentabilité, leur accès aux crédits et financements. Toutes ces données permettent ensuite à l'institution de dresser un bilan de l'économie régionale. Si la dernière enquête avait démontré un certain dynamisme (+12,4% dans l'industrie, +5,8% dans la construction et +8,6% dans les services marchands), l'année 2023 a été plus mitigée : «On redoutait un atterrissage brutal de l'économie, on craignait une récession, celle-ci n'est pas arrivée. On assiste plutôt à une stabilisation de l'économie avec un phénomène de désinflation» résume Gaëlle Albert, directrice de l'antenne économique de la Banque de France à Valenciennes. Si l'inflation atteignait son pic en février 2023 à hauteur de 7,3%, on assiste à un reflux de l'inflation avec 3,4% en janvier 2024.

Une industrie régionale résiliente

En 2023, on note une augmentation du chiffre d'affaires de 1,2% pour l'industrie régionale «avec une rentabilité globalement préservée pour nos entreprises qui tablent déjà sur un maintien de leur rentabilité en 2024» témoigne Gaëlle Albert. En 2023, les chiffres d'affaires ont augmenté dans la plupart des secteurs. Les industries agro-alimentaires et la filière des équipements électroniques se sont démarquées avec une croissance plus marquée. Cela est nuancé par un export peu favorable à l'industrie régionale, un repli des effectifs et une pénurie de main d'œuvre. Si 52% des entreprises régionales se disaient confrontées à des difficultés de recrutement en 2023, elles seraient 40% aujourd'hui.

Croissance modérée pour le BTP et les services marchands

Dans la quasi-totalité des régions françaises, les services marchands affichent un chiffre d'affaires en hausse, à l'image des Hauts-de-France avec +3,5% en 2023, dépassant ainsi la prévision de 1,5% établie lors de la dernière enquête réalisée par la Banque de France. Si la rentabilité est légèrement en baisse en 2023, les acteurs du secteur se montrent néanmoins confiants pour l'année à venir et anticipent globalement une croissance des ventes de 1,7%.

Dans le bâtiment et les travaux publics, les investissements se montrent supérieurs aux années précédentes. «On a été surpris par les résultats. Les Hauts-de-France et la Normandie se démarquent par des taux élevés avec 5% en région» livre la Banque de France. «Le second œuvre se porte mieux que le gros œuvre» ajoute l'institution. Malgré l'accroissement de l'activité, les effectifs ont enregistré une baisse. À noter par ailleurs que les délais de paiement s'allongent pour tous les corps de métier.

Plus globalement, la Banque de France pointe également une stabilisation des financements de marché et une normalisation des crédits bancaires. «La croissance a bien résisté aux polycrises. On note également que les défaillances poursuivent leur mouvement de rattrapage» conclut François-Xavier Bridoux, directeur adjoint.

1. 2 434 entreprises régionales ont répondu à l'enquête annuelle de la Banque de France. Elles représentent un CA global de 60,8 M€ et un effectif global de 216 661 personnes.

Les grands défis de la Banque de France

La Banque de France répond à trois défis structurels, à savoir le désendettement public (actuellement 110% supérieur au PIB), le cap du plein emploi, «on travaille sur davantage de contrats en apprentissage, davantage de qualifications et plus d'orientation vers les filières en tension» glisse la directrice, ainsi que la création de canaux de financement, «les banques sont solides mais ne répondent pas assez aux défis nouveaux du numérique», estime l'institution.