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Transport ferroviaire

Evolyn, de la concurrence à l’horizon sous le Tunnel

La start-up ferroviaire Evolyn, qui a commandé 12 trains TGV, souhaite passer dans le Tunnel à l’horizon 2025. D'abord pour une liaison sans escale Paris–Londres, avant peut-être des étapes en région.

La start-up ferroviaire espagnole Evolyn table sur la mise en place d'une liaison sans escale Paris et la gare de Saint-Pancras à Londres à l’horizon 2025. © William
La start-up ferroviaire espagnole Evolyn table sur la mise en place d'une liaison sans escale Paris et la gare de Saint-Pancras à Londres à l’horizon 2025. © William

La start-up ferroviaire espagnole Evolyn passera dans le Tunnel à l’horizon 2025. Après son annonce d’acquérir chez Alstom 12 trains TGV Avelia avec une option pour 4 trains supplémentaires, elle table sur la mise en place d'une liaison sans escale Paris–Londres. Avant d’envisager d’autres étapes dans les Hauts-de-France, une demande récurrente du Conseil Régional auprès de la SNCF.

Dans un communiqué, l’entreprise familiale espagnole vise 11 millions de passagers. Les discussions ont commencé il y a 3 ans. Installée à la tête d’un groupe de transport qui dessert entre autre l’Espagne, la Grande-Bretagne et la Chine depuis la fin des années 1990, la famille Cosmen a réuni d’autres industriels et financiers français et anglais pour un tour de table à 940 millions de Livre-Sterling (un peu plus d’un milliard d’euros) dont Mobico (ex-National Express) dans lequel Evolyn est actionnaire à hauteur de 18,5%.

Getlink sort de son tête à tête avec Eurostar

Rompre la concurrence sur le Paris-Londres sera une première. Car le marché semble juteux. Le seul opérateur depuis la mise en service de l’infrastructure (Eurostar) affiche un bénéfice net de 322 millions d’euros en 2022. Yann Leriche, directeur général de Getlink s’est réjoui : «L’annonce d’Evolyn confirme l’attractivité économique et technique des conditions d'accès aux infrastructures d’Eurotunnel ainsi que l’immense potentiel de croissance du trafic ferroviaire à grande vitesse dans le tunnel sous la Manche». Getlink sortira enfin de son tête à tête son unique client Eurostar...

«Le tunnel sous la Manche fonctionne en open access, rappelle ainsi l’entreprise franco-britannique. Il permet ainsi la circulation de tout opérateur ferroviaire entre les réseaux britannique et européen en leur garantissant un droit d’accès équitable. Ce droit est défini par le RUC (“Railway Usage Contract”) et est détaillé chaque année dans le Document de Référence annuel pour l’utilisation du Lien Fixe. Ce modèle offre un cadre favorable au développement de nouvelles offres de mobilité bas-carbone et favorise l’accroissement de la part modale du train».

Faire baisser les coûts

L'annonce d'Evolyn ponctue plusieurs échecs successifs pour divers opérateurs ferroviaires qui ont cherché à se positionner sur cette ligne depuis l’ouverture à la concurrence décidée en… 2010. La Deutsche Bahn dés le début avait tenté d’entrer au capital d’Eurostar. Puis avait développé une offre abandonnée devant les difficultés techniques et les coûts financiers afférents. Puis ce fut le tour du duo Air France–Veolia qui fit le même constat. La Compagnie Nationale des Chemins de Fer espagnole (Renfe) se pencha également sur la questions sans donner suite.

Evolyn a commencé par trouvé la solution technique idoine : un train pouvant rouler des deux coté de la Manche. Il devra être performant dés la mise en route : 740 passagers sur 2 niveaux (prés du double d’un TGV classique) et une consommation énergétique inférieure de 30% par rapport à la dernière génération de machines. Mécaniquement, les prix devraient baisser.

D’autres venues ?

Cette arrivée est peut-être le signal d’autres mouvements sous la Manche. «Le tunnel et les réseaux ferroviaires qui lui sont raccordés ont été conçus pour pouvoir accueillir annuellement plus de 20 millions de voyageurs à grande vitesse sur le transmanche, ce qui représente près du double de la fréquentation actuelle» insiste GetLink.

On se souviendra que Mobico avait revendu, en 2017, l’exploitation de son réseau ferroviaire à l'est et au sud de Londres et dans l’Essex (C2C) à l’italien Trenitalia. Qui pourrait se laisser tenter. Mieux, Getlink avait mentionner l’idée de se doter elle-même de trains. Opérateur dans les infrastructures, sa légitimité n’est pas incongrue. On la retrouvera peut-être au rang des actionnaires du projet d’Evolyn. Le trafic de passager a doublé sur l’Eurostar en 2022. Et des travaux sur la ligne allant à Amsterdam donneront peut-être du grain à moudre au concurrent dés 2025.