Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Bilan 2023 et perspectives 2024

GRTgaz passe à la vitesse supérieure sur les gaz renouvelables

Opérateur majeur du transport de gaz en France, GRTgaz a dévoilé, le 16 avril dernier, le bilan de la consommation régionale en 2023. L'occasion également pour Vincent Rousseau, délégué territorial Nord Est de GRTgaz, de nous éclairer sur le développement du renouvelable en Hauts-de-France, deuxième région la plus productive de biométhane en France. Décryptage.

Vincent Rousseau, délégué territorial Nord Est de GRTgaz.
Vincent Rousseau, délégué territorial Nord Est de GRTgaz.

Le bilan de la consommation annuelle dressé par GRT Gaz s'inscrit dans la continuité de 2022, avec une baisse enregistrée de 18,5% (54 Twh contre 66 Twh en 2022). Diminution de la consommation de gaz des ménages, usages réduits des industriels, efficacité énergétique des bâtiments en plein essor : «Tous ces effets se superposent et expliquent cette baisse globale de la consommation. Il y a eu également un changement de comportement des consommateurs depuis la crise russo-ukrainienne et on constate que les gestes de sobriété se poursuivent malgré le fait que les prix reviennent à un niveau de 2021» souligne Vincent Rousseau. Dans le Nord, on constate une baisse plus prononcée (-25%) que dans le Pas-de-Calais (-9%) ; dans l'Oise (-8%) ; dans l'Aisne (-11%) et dans la Somme (-13%).

Les départements du Nord (27,1 Twh soit 50%) et du Pas-de-Calais (12,7 Twh soit 24%) consomment à eux seuls les trois quarts du gaz en région. «Cela s'explique par la forte densité de population et des sites industriels» précise le délégué territorial Nord Est de GRTgaz. À noter que l'agroalimentaire et la filière verrière concentrent plus de la moitié de la consommation de gaz dans l'industrie régionale.

La tendance baissière observée en Hauts-de-France (-18,5%) est donc significativement plus forte que la tendance nationale (-11,6%). Force est de constater qu'en l'espace de deux ans, la consommation dans l'Hexagone a chuté de l'ordre de 20% (474 Twh en 2021 contre 381 Twh en 2023).

Le GNC a le vent en poupe

Sur les 58 M€ d'investissements réalisés au cours de 2023, GRTgaz a consacré, entre autres, 46 M€ pour la maintenance du réseau et près de 8 M€ pour la transition énergétique. Cela témoigne de la volonté de l'opérateur d'accélérer sur le renouvelable. Côté investissements toujours, 77 M€ sont d'ores et déjà prévus en 2024 soit un budget plus conséquent que l'année précédente.

Parmi les sujets mis sur la table, on retrouve le GNV, cette alternative au diesel en plein essor. Avec 33 points d'avitaillement, la région détient 10% des stations françaises. «Le parc de véhicule GNC a consommé 328 Gwh en Hauts-de-France soit l'équivalent de 1 100 bus. Nous pensons véritablement que la mobilité gaz est pertinente» appuie Vincent Rousseau.

Le biométhanisation poursuit sa marche en avant

S'il existe actuellement 652 sites de biométhanisation sur le territoire français (+138 par rapport à 2022), 123 sites d'injection sont installés en Hauts-de-France, ce qui en fait la deuxième région française la plus forte en biométhane - juste après le Grand Est - avec une capacité de 2TWh par an, en hausse de 21%. «La région a contribué à 17% de la production nationale» résume l'intéressé.

En France, le biométhane a même atteint fin 2022 l'objectif de 6 Twh pourtant fixé initialement à 2023. Par ailleurs, le programme de construction d'installations de rebours pour accompagner le développement du biométhane sur les réseaux de distribution se poursuit : «Deux installations étaient en service fin 2023, deux autres sites sont en projet».

À l'horizon 2030 cette fois, l'ambition est d'atteindre les 44 Twh. Un objectif ambitieux mais réalisable selon GRTgaz. «Actuellement, nous sommes à un peu moins de 12 Twh, il faudrait donc multiplier par quatre la production de biométhane en France pour parvenir à cet objectif. Du point de vue des gisements, nous pensons que c'est réalisable». Si la méthanisation est l'un des procédés, il y en a d'autres sur lesquels «il faut accélérer», en référence à la pyrogazéification. 

Cette technique - qui consiste à chauffer les déchets à plus de 1 000 degrés en présence d'une faible quantité d'oxygène, ce qui entraîne une décomposition des matériaux - pourrait se développer à travers cinq projets actuellement en cours en Hauts-de-France. «La technologie est validée mais nous ne sommes qu'aux prémices. L'impulsion et un appel à projets national sont très attendus». Quant à la gazéification hydrothermale, à destination davantage des industriels, il y aurait un potentiel de 320 Twh en France à horizon 2050. Deux procédés à prendre au sérieux donc.

L'hydrogène en première ligne

Les Hauts-de-France constituent un territoire propice au développement de l'hydrogène avec de nombreux acteurs impliqués. Et les projets n'ont pas attendu 2023 pour fleurir sur le territoire. En effet, la Région Hauts-de-France est embarquée dans deux grands projets de construction de réseaux de transport d'hydrogène européen.

Le projet DHUNE d'infrastructure hydrogène au sein de la zone industrielle de Dunkerque, avec une extension prévue vers la Belgique, devrait être mis en service fin 2027. Plusieurs industriels, à l'image d'Arcelor Mittal et Imerys, s'engagent avec GRTgaz dans ce projet. Côté valenciennois, le projet baptisé WHHYN est pour sa part encore en stand-by. «On voit apparaître un vrai besoin de transport d'hydrogène à l'échelle européenne. Dans la nouvelle stratégie hydrogène française, le développement de réseaux d'hydrogène est inscrit comme une priorité» conclut Vincent Rousseau. Dans les prochaines années, GRTgaz a donc une véritable carte à jouer.