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Accompagné par le réseau Initiative France

Hemerion fait la lumière sur le traitement du cancer

L'an dernier, le réseau Initiative France a accompagné et financé 740 start-ups françaises, en s'appuyant sur cinq associations régionales, dont Hodéfi dans les Hauts-de-France. Parmi les dernières entreprises soutenues, Hemerion® Therapeutics, à Villeneuve d'Ascq, dirigée par Maximilien Vermandel.

Maximilien Vermandel, président et co-fondateur d'Hemerion® Therapeutics. © Lena Heleta
Maximilien Vermandel, président et co-fondateur d'Hemerion® Therapeutics. © Lena Heleta

Et si la lumière associée à la technologie permettait d'améliorer les traitements du cancer ? Et plus spécialement le glioblastome, une tumeur primitive maligne du cerveau qui touche 130 000 personnes dans le monde et plus de 25 000 patients nouvellement diagnostiqués chaque année en Europe et aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs la 3ème cause de décès par cancer chez les jeunes adultes.

«On ne possède pas encore toutes les clés pour guérir ce cancer qui tue en seulement 16 mois. Mais nous avons développé une technologie qui associe un photosensibilisateur (le Pentalafen®) à une plateforme d'illumination innovante» explique Maximilien Vermandel, chercheur au CHRU de Lille, ancien directeur d'une équipe de recherche à l'Inserm, président et co-fondateur d'Hemerion® Therapeutics.

À la croisée du pharmaceutique et du dispositif médical

Concrètement, les molécules de Pentalafen® se fixent sélectivement sur les cellules cancéreuses, illuminées par un laser. Le Pentalafen® provoque uniquement la mort des cellules tumorales grâce à des effets photochimiques, là où les traitements de type chimiothérapie ou radiothérapie neutralisent l'ensemble des cellules, même les saines. «Partout où la lumière passe, on tue les cellules tumorales».

Si la technologie d'Hemerion ne remplace ni la chimiothérapie ni la radiothérapie, elle s'intègre au processus chirurgical, 5h avant l'opération avec l'ingestion d'un médicament par le patient. «Le premier essai clinique a eu lieu en 2017 et a motivé la création de l'entreprise, pour faire émerger la technologie partout en France. Nous sommes en train de préparer un second essai avec les Etats-Unis, qui sera notre dernière étape avant la phase 3, prévue en 2025» détaille le co-fondateur. À l'issue de cette étude, Hemerion espère que sa technologie soit éligible à une mise sur le marché, avant une commercialisation prévue vers 2030.

«On travaille déjà pour les 10 prochaines années»

Si aujourd'hui Hemerion travaille sur le glioblastome, il n'est pas exclu que la start-up innove avec de nouvelles technologies tournées vers d'autres pathologies. «Nous sommes déjà en discussion avec des thérapeutes sur d'autres domaines d'oncologie» précise le fondateur.

Guillaume Pépy, président d'Initiative France. © Lena Heleta

Plus de 20 patients ont déjà été traités en France au CHU de Lille. «La récidive est intervenue dans les 17 mois alors que normalement, c'est dans une moyenne de 6 mois» poursuit Maximilien Vermandel qui co-dirige l'entreprise avec quatre associés. Depuis la création, Hemerion a déjà levé 7 millions d'euros, soutenu par Bpifrance et par Hodéfi.

«On vient d'un milieu académique et pas forcément acculturé à l'entrepreneuriat ! Le premier enjeu pour nous, ç'a été d'être challengés et de maturés le projet. Ce premier coup de pouce nous a permis de recruter et de faire de la R&D. Pour avancer encore plus loin, nous avons besoin d'environ 20 M€ mais pour l'instant, les fonds qui s'intéressent à nous ne sont malheureusement pas français».

Réseau Initiative France : environ 34 000€ par projet

Présidé par Guillaume Pépy, le réseau Initiative France octroie en moyenne 25 M€ de prêts d'honneur chaque année. En 2022, ce sont 740 start-ups qui ont été financées et accompagnées, en hausse de 4% par rapport à 2021. «Nous sommes un réseau associatif gratuit. Dans les Hauts-de-France, nous avons accompagné Niryo (robots collaboratifs à Wambrechies) ou encore Ynsect (production d'ingrédients pour l'alimentation animale à base d'insectes, à Amiens). Les fonds versés permettent directement d'amorcer la pompe. L'un de nos enjeux, c'est que toute l'expertise puisse bénéficier à d'autres associations sur l'ensemble du territoire.»