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Deuxième édition de Transfair, événement autour de la transmission-reprise

«Il faut démystifier l'acte de transmission»

Si la création d'entreprise a plus que jamais le vent en poupe, la cession-transmission est en souffrance en région faute de repreneurs. Dans ce contexte, la CCI Hauts-de-France organisait, le 20 novembre dernier, la deuxième édition de Transfair, un événement à destination des cédants et repreneurs. Objectifs ? Exposer les avantages d'une reprise d'entreprise et présenter les outils nécessaires à une transmission réussie à travers des témoignages inspirants de repreneurs, des ateliers et des temps de rencontres.

De nombreux témoignages inspirants ont rythmé la matinée de Transfair. © Transfair
De nombreux témoignages inspirants ont rythmé la matinée de Transfair. © Transfair

En Hauts-de-France comme ailleurs, la reprise d'entreprise représente un enjeu de taille. Dans la région, plus de 37 000 projets de transmission seraient envisagés dans les 5 ans. Dans l'industrie, 45% des dirigeants ont 57 ans ou plus, «mais on ne compte que 17% de projets de transmission parmi l'ensemble des entreprises du secteur» indique Grégory Stanislawski, directeur de la CCI Etude. Face à cet enjeu colossal, un grand nombre d'institutionnels étaient présents lors de cette deuxième édition de Transfair. «Près de 150 000 salariés sont concernés par la reprise d'entreprise aujourd'hui en région. Il faut de la fluidité dans la transmission pour pérenniser l'emploi. On travaille tous main dans la main, la BPI, l'Ordre des experts-comptables, la Région, la DREETS, les CCI afin de créer un écosystème de rachat et de vente» a introduit Philippe Hourdain, président de la CCI HDF.

Pour parvenir à une reprise réussie, en parler et anticiper sont les clés selon Emelyne Pavy, chargée de mission développement économique à la DREETS1 : «Une cession d'entreprise, ça ne s'improvise pas, c'est même très souvent fait dans l'urgence. Pourtant, l'anticipation est un élément très important. Les projets sont généralement complexes, donc il faut démystifier l'acte de transmission, rendre la transmission plus accessible. Mais Il ne faut pas avoir peur d'en parler, souvent, c'est caché. Alors qu'il existe tout un panel d'outils».

«Dans notre culture, c'est un peu tabou»

Dans le cadre d'une cession-transmission, de nombreux paramètres économiques et fiscaux entrent en jeu. «L'expert comptable est un partenaire privilégié du dirigeant, de la naissance jusqu'à une potentielle transmission. Il fixe la valeur d'une entreprise, réalise un audit des états financiers, livre une information financière fiable, et aussi extra financière» explique Corinne Renart, présidente du Conseil régional de l'Ordre des experts-comptables Hauts-de-France. L'expert-comptable peut également déterminer la stratégie post-reprise et analyser les schémas fiscaux en travaillant notamment main dans la main avec les avocats. Le cédant et le repreneur doivent donc s'entourer d'experts pour une transmission plus fluide. 

De son côté, Marc Krzemianowski, président de la Commission Transmission Reprise d'entreprise à la CCI Hauts-de-France, a insisté sur le fait d'en parler. «La transmission n'est pas une fin en soi mais plutôt une suite. Dans notre culture, c'est un peu tabou, nous on vient vulgariser tout ça. Il faut compter 2 à 3 ans pour se préparer».

Regards croisés

Eric Vandendiessche a repris l'enseigne centenaire de mercerie Phildar en 2020 alors que l'entreprise était «très mal en point». Lorsque les actionnaires ont jeté l'éponge, l'intéressé et son associé ont rencontré 75 personnes et parvenus à récolter 12 millions d'euros en l'espace de 3 semaines. La reprise s'est accompagnée d'une transformation radicale : rajeunissement des marques Phildar et Pingouin, nouvelle identité, virage vers le digital, nouveau site internet et nouvelle plateforme logistique. Parmi les facteurs clés d'une opération de reprise, l'échange avec les collaborateurs de l'entreprise semble plus qu'essentielle. «J'estime qu'il faut rencontrer les collaborateurs car ils savent absolument tout sur l'entreprise. J'ai rencontré 120 personnes et posé toujours les mêmes questions : "De quoi es-tu fier dans ton métier" ; ""De quoi n'es-tu pas fier dans ton métier" ; "Qu'est-ce qu'il faut absolument garder" et "Qu'est-ce qu'il faut absolument changer"» témoigne le CEO d'Happywool-Phildar.

«Etre bien armé et entouré»

Cédric Auplat, a repris Peignage Dumortier, expert du peignage, cardage de fibres naturelles et du convertissage de fibres synthétiques, alors que l'entreprise tourquennoise était en redressement judiciaire. «J'avais l'ambition de reprendre. J'aspirais à ça depuis un bon moment. Mais avant toute chose, il faut s'assurer d'être bien armé et entouré. On a procédé à un état des lieux, avec une équipe d'expert-comptable, avocat et ancien banquier expert» raconte le dirigeant qui insiste lui sur l'importance de la CCI dans le cadre de sa reprise. «Le rôle de la CCI a été multiple. Elle a commencé par une semaine de formation, ensuite il y a eu toutes ces rencontres, cette mise en réseau puis enfin la labellisation Rev3 qui a donné une nouvelle orientation à l'entreprise».

«Le moteur d'une entreprise est essentiellement humain»

Dans le Cambrésis, Thierry Huret, a repris l'entreprise Qualiservice, spécialisée dans le co-packing comprenant le reconditionnement des produits finis. «C'était du pain béni. Il s'agissait d'un beau projet humain avec 70 collaborateurs mais aussi un projet commercial intéressant» Qualiservice a donc bâti un solide business model tout en mettant l'humain au cœur de sa stratégie. «Le moteur d'une entreprise est essentiellement humain pour moi. Il faut offrir des perspectives financières et des plans de carrière au personnel, c'est cela qui compte» assure le dirigeant.

1. Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) Hauts-de-France.

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