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Chambre de métiers et de l'artisanat

La CMA Hauts-de-France inquiète pour ses artisans

Le président de la Chambre de métiers et de l'artisanat des Hauts-de-France Laurent Rigaud s'alarme de la succession de crises subies par le secteur, avec en tête de pont l'inflation et les inondations. Mais aussi de la situation des CFA et des problématiques de recrutement.

Laurent Rigaud, président de la CMA Hauts-de-France et Simon Claverie, directeur général.
Laurent Rigaud, président de la CMA Hauts-de-France et Simon Claverie, directeur général.

S'il reste «optimiste» et «persuadé qu'il y aura une dynamique forte», Laurent Rigaud n'en tire pas moins la sonnette d'alarme. Inflation, intempéries dans le Pas-de-Calais... Le président de la Chambre de métiers et de l'artisanat des Hauts-de-France dépeint des professionnels exsangues. Nous allons «de crise en crise», alerte-t-il. «Il y a eu le Covid, certains ont continué à travailler mais en puisant dans leurs ressources psychologies et financières, il y a l'augmentation des prix des matières premières et de l'énergie qui a fracassé les entreprises et il y a eu les inondations». 

Ces dernières ont impacté une centaine d'artisans, dont plus de la moitié a eu besoin d'un soutien. La CMA Hauts-de-France indique avoir réagi immédiatement, mettant en place des dispositifs d'aides, notamment le Fonds d'aide sociale et solidaire (FASS) ainsi que le Fonds national de calamité et des catastrophes naturelles (FCCN) du réseau des CMA, permettant aux artisans sinistrés de bénéficier d'une subvention allant jusqu'à 1 500 euros. 

«Je n'ai pas l'intention de fermer un seul centre»

Autre ligne de front : les Centres de formation d'apprentis (CFA). Laurent Rigaud pointe la décision de France Compétences, l'instance de régulation de la formation professionnelle, de réduire de 5% le niveau de prise en charge (NPEC) reçu par les CFA pour chaque alternant, intitulé «coût contrat» et financé partiellement par la taxe d'apprentissage pour couvrir les frais pédagogiques. Une réforme entrée en vigueur le 1er septembre. L'instance, fortement déficitaire, escompte ainsi une économie de 540 millions d’euros. Mais certains établissements sont déjà mal en point. À l'image des centres de La Capelle et de Château-Thierry dans l'Aisne, qui sont menacés. «La formation sur certains territoires devrait être un investissement et pas une charge», déplore le président de la CMA Hauts-de-France. Mais «je n'ai pas l'intention de fermer un seul centre», promet Laurent Rigaud, qui évoque une alternative mise en place dans le Nord, avec la fusion des centres de Caudry et Solesmes pour réduire les coûts. 

Dans le viseur du président également, la «taxe pour frais», dont l’État prélève désormais une partie plus importante. Il s'agit d'une taxe payée par les artisans, récoltée par l'État et reversée à la CMA France.

«La première difficulté, c'est le recrutement»

Du côté du recrutement, l'artisanat souffre aussi de problématiques complexes. «Des jeunes il y en a à la pelle, des reconversions il y en a aussi, et pourtant, la première difficulté, c'est le recrutement», explique le président de la Chambre régionale de métiers et de l'artisanat. «Mais nous restons optimistes», nuance-t-il. «Il y a des perspectives, un boulevard pour devenir artisan. On a une vrai dynamique pour y arriver»

Le 27 janvier, les portes ouvertes de la CMA régionale, à Lille, ont symbolisé cet optimisme. Cette dernière, qui forme chaque année près de 17 000 apprentis à plus de 40 métiers allant du CAP au Bac+3, affiche un taux d'insertion pérenne en entreprise de près de 85% à l'issue de l'alternance. Des jeunes et moins jeunes qui rejoignent peu à peu les quelque 120 000 entreprises artisanales que compte à ce jour la région.

La CMA régionale affiche un taux d'insertion pérenne en entreprise de près de 85% à l'issue de l'alternance. © goodluz