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Entreprise implantée à Marcq-en-Barœul

J.Toulemonde, l'art du fil dans toute sa technicité

Cinq générations au service du fil et des créations textiles qui en découleront : chez J. Toulemonde Père&Fils, on tisse un savoir-faire entre artisanat et industrie depuis près de cinq générations. L'entreprise créée en 1903 à Marcq-en-Barœul est aujourd'hui en cours de reprise par Louis et Antoine Toulemonde, deux trentenaires fiers de leurs racines.

Antoine et Louis Toulemonde, 5ème génération de l'entreprise J.Toulemonde. © Lena Heleta
Antoine et Louis Toulemonde, 5ème génération de l'entreprise J.Toulemonde. © Lena Heleta

Certains procédés sont tellement uniques qu'ils gardent tout leur mystère pour éviter d'attiser la concurrence : chez J. Toulemonde Père&Fils à Marcq-en-Barœul, les générations se suivent tout en faisant perdurer ce savoir-faire prisé de fabricant français de fil coton, lin et synthétique. Car depuis 1903, l'entreprise travaille pour l'industrie haut de gamme et technique avec une particularité : la maîtrise de l'ensemble des étapes de fabrication.

De l'assemblage au retordage en passant par le bobinage ou le glaçage, tout est réalisé sur le site historique de Marcq-en-Barœul et de Bondues, la seconde usine. «En 1903, lorsque Emile Barrois a créé cette usine de retordage de fils de coton, Lille était le cœur des fabricants de fils à coudre en lin, à la croisée entre les filatures de Roubaix et de Tourcoing» explique Louis Toulemonde. Entre temps, le paysage textile a bien évolué et la famille Toulemonde arrive à la tête de l'entreprise en 1937 avec Joseph Toulemonde et son beau-frère Christophe Barrois.

Les générations se succèdent avec l'arrivée en 1985, de Bruno Toulemonde, l'actuel dirigeant, qui doit faire face à la détérioration de l'industrie textile dans les années 1980 et les fermetures en cascade des usines en France et surtout dans la région. «Notre père nous avait toujours dit 'Ne comptez pas sur l'entreprise familiale, c'est du textile, elle peut disparaître'», se rappellent les deux frères. Force est de constater que le maintien de ces savoir-faire français a su perdurer au fil du temps.

Des rachats pour faire évoluer l'entreprise

Parmi les étapes clés de l'entreprise, le rachat en 2007 de la maison Vrau – fondée dans les années 1800 par l'industriel régional Philibert Vrau, à l'origine également de l'Université Catholique de Lille ainsi que d'HEI... –, alors place du Concert à Lille. Avec son activité de fabrication de fils à coudre pour l'industrie de la confection et de la maroquinerie, ce rachat ouvre les portes des merceries à J.Toulemonde à travers les marques Fil au Chinois – qui malgré son nom, est entièrement français –, et Laine Saint-Pierre.

J.Toulemonde compte une cinquantaine de salariés, à Marcq-en-Barœul et à Bondues. © Lena Heleta

Une dizaine d'années après, la PME rachète Lebaufil, spécialisée dans la fabrication de fils élastiques, métalliques et métallisés. Des opérations de croissance externe indispensables pour multiplier les savoir-faire dans un environnement concurrencé par l'Asie : «Nous travaillons toujours sur des machines d'époque et nous sommes spécialisés sur des fils très fins, provenant d'Egypte. On a des partenaires depuis plus de 60 ans dans ce pays» explique Antoine Toulemonde.

Ennoblisseurs de fils

Une fois arrivé à Marcq-en-Barœul ou à Bondues, le fil – en coton, lin ou synthétique – va subir plusieurs étapes d'assemblage, de retordage ou encore de bobinage. Avec toujours en ligne de mire, l'excellence. Car parmi les clients de J.Toulemonde, on compte l'industrie textile moyenne et haut de gamme ; c'est l'usine marcquoise qui fournit par exemple l'atelier de confection de maroquinerie d'Hermès.

«Des clients comme le monde du luxe nous forcent à rester au top car ils ont des exigences très importantes. Il nous arrive d'imaginer des couleurs spécialement pour eux. Nous travaillons aussi avec des brodeurs régionaux (Potencier Broderies à Villers-Outréaux, Broderies Leveaux à Walincourt-Selvigny...) ainsi qu'en Suisse et en Autriche. Mais aussi avec des entreprises comme L'Atelier Confection à Merville, ou dans le médical pour les bas de contentieux ainsi qu'évidemment, avec les dentelles de Calais et de Caudry» expliquent les frères, qui, accompagnés par leur père Bruno, espèrent bien prendre un jour la relève.

Cette pluralité d'activités permet à l'entreprise de continuer son développement : «On travaille aussi pour l'automobile et l'aéronautique. Le B to C, via les ventes en merceries des marques Fil au Chinois, Laine Saint-Pierre et Baufil, représente 15% de notre chiffre d'affaires. Mais sans cette pluralité de secteurs de production, l'entreprise ne pourrait pas être encore là» raisonne Louis Toulemonde.

Un quart de l'activité à l'export

Aujourd'hui, J.Toulemonde exporte son savoir-faire en Italie, en Asie... et compte 200 clients partout en France et dans le monde. En 2022, l'entreprise d'une cinquantaine de salariés a réalisé un chiffre d'affaires de 8 M€, en croissance d'environ 10%, après un beau +25% après le Covid (et la montée en flèche du DIY et donc, des amateurs/trices de couture). «À nous de nous développer et de nous adapter aux secteurs» ambitionne le duo de (futurs) dirigeants.

L'entreprise travaille pour l'industrie haut de gamme et technique avec une particularité : la maîtrise de l'ensemble des étapes de fabrication. © Lena Heleta

Le Label Nord terre textile

Créé en 2010 par des industriels vosgiens de la filière textile, ce label a pour mission de «garantir qu'au moins 75% des étapes de fabrication d'un produit textile sont authentiquement réalisées en respectant l'ensemble de la chaîne de valeur». Il a rapidement été décliné par d'autres régions de France dont le Nord en 2014 ; elles sont six à être impliquées aujourd'hui.

Présidé dans le Nord par Pascal Laise, dirigeant de L'Ascenseur Confection à Merville, le label a été décerné à une trentaine d'entreprises du grand Nord (dont J.Toulemonde). Rien qu'en Hauts-de-France, la filière habillement, ameublement et textile technique, compte 450 entreprises pour 13 500 salariés ; ce qui fait de la région, la seconde en textile/habillement après Auvergne-Rhône-Alpes (particulièrement spécialisée dans la soie et le textile technique).

Garant de la qualité et de l'origine de la confection, ce label se fonde sur 8 critères, par exemple la présence de l'outil industriel en France, le nombre de salariés, la démarche qualité, le processus de fabrication... Chaque année, un audit est réalisé pour mettre en valeur le vrai Made in France (et pas uniquement la dernière opération faite en France, après des étapes réalisées à l'étranger). En France, 150 entreprises sont labellisées.