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L’amour à l’épreuve

Après Les Serments indiscrets de Marivaux et Phèdre de Racine, Christophe Rauck achève son cycle sur l’amour avec Comme il vous plaira, «pièce joyeuse et profonde» de Shakespeare où il retrouve son couple fétiche d’acteurs, Cécile Garcia Fogel et Pierre-François Garel. Propos du metteur en scène sur l’adaptation d’une œuvre «qui questionne l’amour, le désir et l’usure du temps.»

© Photo de répétition Simon Gosselin
© Photo de répétition Simon Gosselin

Retravailler l’œuvre

C’est le deuxième spectacle que j’avais créé avec ma compagnie il y a vingt ans mais j’ai toujours eu l’impression d’avoir raté ce premier rendez-vous et toujours eu le projet de la remonter. Aujourd’hui, je souhaite aller à l’essentiel : je monte la pièce pour la fin du 2e acte et le début du 3e. J’ai retiré des scènes car il y a dans cette pièce, un peu monstrueuse, trois moments d’exception : deux joutes entre les deux amoureux que sont Orlando et Rosalinde et le monologue de Jacques le Mélancolique qui préfigure le long monologue d’Hamlet.

On peut penser que c’est une pièce assez légère, avec cette histoire de cousines qui s’adorent… Mais ces femmes s’échappent, partent en exil, s’émancipent ; la violence est là, sourde mais toujours présente. Il s’agit de faire entendre que la violence fait aussi partie de la vie, de la filiation, de l’amour, de l’amour d’un père et d’une fille… Comment donc faire passer la violence au théâtre ? C’est là que m’est venue l’envie d’utiliser un mot qu’on n’utilise peu au théâtre : l’illustration. L’idée est de le placer à un autre endroit… d’où le travail sur le son…

© Photo de répétition Simon Gosselin

Le son comme un acteur

J’ai choisi le son pour prendre en charge la mise en place de ce patchwork baroque, pour faire entendre, via une voix off ou des passages au micro, les scènes moins importantes, comme un peu une post-synchro, quelque chose d’un peu détaché… Mais aussi et surtout pour travailler sur la question du temps très présente dans la pièce et qui m’intéresse toujours dans le cadre de la représentation. Quand est-ce qu’on ramène le temps de la fiction au temps de la représentation ? L’aller-retour entre la fiction et la représentation m’intéresse, ramener la fiction au présent des spectateurs, à la temporalité du moment permet de faire écho à notre monde.

 

Scénographie, musique et costumes

On est parti sur quelque chose de sobre et la présence prédominante de la forêt signifiée par deux grandes toiles et de nombreux animaux empaillés sur scène. La musique comme les costumes s’inspirent fortement de l’Angleterre. La musique parcourra le répertoire anglais, du XVIIe siècle, avec un peu de Purcell, aux Beatles et Queen. Tout ou presque sera chanté a capella.

 

Représentations du 12 au 31 janvier au Théâtre du Nord, Grand-Place à Lille. Renseignements et réservations au 03 20 14 24 24 ou sur www.theatredunord.fr