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L’enfance d’un cinéaste

Figure emblématique de la Nouvelle Vague taïwanaise dans les années 1980, Hou Hsiao-hsien est aujourd’hui l’un des réalisateurs les plus importants du paysage cinématographique mondial. Cet indispensable coffret rassemble 6 films, dont 3 inédits, centré sur ses œuvres de jeunesse où s’affirme avec finesse le style d’un cinéaste majeur.

L’enfance d’un cinéaste

Lorsque Hou Hsiao-hsien débute sa carrière, l’époque est aux mélodrames et aux films d’action taïwanais influencés par les voisins chinois et japonais. Tout en abordant tous les genres – de la comédie romantique au portrait mélancolique de la jeunesse urbaine de Taipei, en passant par les chroniques adolescentes de sa quadrilogie autobiographique – le cinéaste affirme très vite sa singularité et opte pour un style contemplatif, privilégiant ainsi les plans-séquences qui finiront par être sa marque de fabrique. Alors que ces derniers films sont de véritables splendeurs formelles, ces six œuvres de jeunesse dessinent un style au plus près du réel, dans la lignée du néoréalisme italien. La beauté de ses films réside dans la justesse de son regard sur le monde, sur son pays et son histoire souvent schizophrénique.

Un temps pour vivre, un temps pour mourir .

Outre Cute Girl (1980), Green Green Grass of Home (1982), Les Garçons de Fengkuei (1983) et La Fille du Nil (1987), ce coffret nous invite à découvrir deux films essentiels de sa filmographie : Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985) et Poussières dans le vent (1986). Le premier se déroule en 1947 alors qu’une famille quitte la Chine pour Taïwan. Elle s’installe d’abord près de Taipei, puis déménage au sud de l’île où le climat est plus clément pour le père, asthmatique. Choyé par sa grand-mère, le petit Ah-ha grandit au sein d’une famille bientôt frappée par la maladie : du petit garçon espiègle qu’il était à dix ans, il se mue en adolescent taciturne et révolté… Hou Hsiao-hsien poursuit ici son exploration de la jeunesse taïwanaise à travers ses premiers souvenirs, de ses jeux d’enfant à ses amours adolescentes, souvent ponctués par la mort, filmant le temps qui passe – l’un de ses thèmes fétiches – comme un ensemble de tableaux grâce à des cadrages où l’environnement prime sur la narration. Soit une chronique bouleversante sur la transmission et le passage à l’âge adulte.

Prolongement autobiographique de ce dernier, Poussières dans le vent met en scène A Yuan et A Yun qui ont grandi ensemble dans un petit village de montagne. Un jour, A Yuan décide de partir à Taipei pour y trouver du travail et suivre les cours du soir. A Yun le rejoint peu de temps après. Ils se familiarisent petit à petit à leur nouvelle vie dans la capitale, tout en revenant de temps en temps dans leur village natal. Leur amitié se mue sensiblement en amour jusqu’à ce qu’A Yuan soit appelé pour effectuer son service militaire… Chronique de fin d’adolescence abordée sous l’angle amoureux, Hou Hsiao-hsien filme ses personnages entre la campagne et la ville et peint avec subtilité et sobriété le passage de l’amour au chagrin à l’âge si délicat de l’adolescence.

 

Carlotta Films.