La Botte Chantilly, une histoire familiale depuis 130 ans

L'enseigne est arrivée sur Lille en 1890, sous l'appellation «A la Botte Chantilly» : «on y fabriquait des bottes sur mesure de type Chantilly, un style précis pour les officiers de la cavalerie lilloise. Après la seconde guerre mondiale, mon arrière grand-père, fils de chausseurs parisiens, a transformé cette échoppe en boutique de souliers pour hommes et femmes» se rappelle Gabriel Deparis. Aujourd'hui, les souliers ont laissé place aux bottines, mocassins, pantoufles et autres sneakers.

Le jeune dirigeant est à la tête de l'entreprise avec ses parents – qui ont repris l'activité dans les années 1990 – et ses deux frères, Pierre et Simon, tous les cinq directeurs généraux. Un renouveau générationnel mais toujours avec le même ADN qui a fait la renommée de la marque : la qualité et le choix dans les références.

Présente depuis presque 130 ans rue Grande Chaussée, l'enseigne a été contrainte de déménager il y a trois ans et a choisi de s'implanter une centaine de mètres plus loin, rue Lepelletier : «Le bâtiment rue Grande-Chaussée avait été frappé d'arrêté de péril. Il aurait fallu faire au moins un an de travaux et donc fermer la boutique plusieurs mois. Et surtout, nous n'avions plus assez de place pour le stockage» explique Gabriel Deparis. La boutique nouvelle génération voit le jour il y a trois ans, sur trois étages et dans un style plus aéré et lumineux, mettant en valeur chacun des différents univers : homme, femme et enfant.

Un des premiers indépendants à se lancer sur le web

Si aujourd'hui le digital est un passage obligé pour le monde du commerce, lorsque La Botte Chantilly lance son site web en 2000, c'est un peu la révolution : deux ans plus tard, le site est traduit en anglais et la marque commence à exporter, pour atteindre aujourd'hui 25% des ventes en ligne, dans près de 58 pays.

Le site compte plus de 11 000 références pour 300 marques, et 1 200 chaussures sur la boutique lilloise : «un choix inégalé au Nord de Paris». Dans les rayons de la boutique lilloise, on peut y retrouver les chaussures de James Bond, fabriquées à la main par la marque anglais Crokett & Jones – la Botte Chantilly en est l'unique distributeur entre Paris et Bruxelles – mais aussi celles de l'allemand Paul Green qui ne possède que 7 points de vente en France. Sans compte les marques françaises comme Paraboot (fabriquées en Isère) et Bellamy, dans les Pays de la Loire. Plus de 80% des marques sont européennes (Italie, Espagne et Allemagne majoritairement).

«Nous ne sommes pas qu'une enseigne haut de gamme»

D'un côté le luxe, de l'autre des marques plus classiques : «On a pu souffrir d'une réputation 'haut de gamme' mais cela ne représente que 20% de nos ventes. Le prix moyen dans nos magasins, c'est 140€» revendique le directeur général.

Aujourd'hui La Botte Chantilly compte quatre magasins : Lille, Bondues (le siège social, l'entrepôt et une boutique), Avelin (ouvert en 2015) et tout récemment Le Touquet, sur la reprise d'une ancienne boutique de chaussures. Au total, 45 salariés dont 28 en magasin, des profils pour lesquels la famille a dû adapter ses recrutements : «On ne propose que du CDI et du temps plein car cela prend du temps de former sur nos 300 marques. Comme il est difficile aujourd'hui de recruter dans le commerce, nous avons mis en place des roulements pour que les salariés puissent avoir certains samedis.» En trois ans, La Botte Chantilly a ainsi créé 13 emplois nets.

Si les parents de Gabriel Deparis sont encore à la direction de l'entreprise, l'idée est de laisser tranquillement la main aux trois fils, afin qu'ils pérennisent l'activité, forte de son rayonnement de sa bonne santé financière. En 2022, La Botte Chantilly a réalisé 6 M€ de chiffre d'affaires et prévoit d'ouvrir d'autres boutiques dans la région. Même si pour l'instant, le secret est encore bien gardé sur les villes scrutées de près par les membres de la famille...