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Le tourisme industriel, version XXIe siècle

Le tourisme des «Manufactures de proximité», ces tiers-lieux qui marient savoir-faire traditionnels et technologies, semble se situer dans le prolongement du tourisme industriel qui a déjà séduit des millions de Français.

© Solid photos
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Visiter un atelier de charpente maritime en Bretagne, ou au cœur du Morvan, observer le travail des céramistes... Les vacances peuvent constituer l'occasion de découvrir le savoir-faire artisanal local dans la centaine de tiers-lieux labellisés «Manufacture de proximité», disséminés à travers 48 départements. A l'origine, ce dispositif avait été mis en place suite au premier confinement, pour venir en aide aux artisans et entrepreneurs locaux. Le principe : pour permettre le déploiement de leurs activités et favoriser des interactions entre les participants, espaces, machines et services communs sont mis à leur disposition. Une centaine de lieux ont été labellisés, dans les petites et moyennes villes, les zones rurales, et les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), depuis décembre 2021. Et une vingtaine de filières sont concernées : bois, textile, métal, métiers d'art, céramique, éco-construction...

Cet été, il est, par exemple, possible de visiter L'Arbre fabrique, situé à Commes, dans le Calvados. Ce tiers- lieu réunit production agricole, laboratoires de transformation végétale et du lait, programmation culturelle, un gîte d'étape, café associatif... En Bretagne, les Ateliers Bois Jean Moulin, installés dans un ancien lycée de charpente maritime, à Plouhinec (Finistère) sont ouverts aux professionnels et aux passionnés de la production à partir du bois : on y réalise des charpentes maritimes, des aménagements intérieurs et extérieurs... Autres exemples, en Bourgogne Franche-Comté, Ici Morvan, dans le Morvan, est dédié à la sylviculture et à la céramique, tandis qu'à Roubaix dans le Nord, « Plateau fertile » se consacre à la mode durable.

Quinze millions de visiteurs

Au delà de la diversité des secteurs concernés, tous ces lieux ont un point commun : ils conjuguent «perpétuation d’un savoir-faire traditionnel et l'intégration des nouvelles technologies et de l’éco-conception dans leur mode de production», d'après France Tiers-Lieux. En devenant objet touristique, ils prennent le chemin déjà emprunté par les sites industriels. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas été oubliés par le plan France Relance, dans son volet consacré au soutien aux opérations touristiques. 

Par exemple, l'Ariège a obtenu 1,7 million d'euros pour le projet «Les vallées ingénieuses», qui vise, notamment, à favoriser le tourisme industriel autour du talc et de l’hydroélectricité. Et dans les Alpes, cet été, EDF et Tignes Développement organisent des visites de la galerie supérieure du barrage de Tignes. Les deux parties ont décidé de mettre en valeur ce patrimoine industriel emblématique, plus haut barrage de France et maillon essentiel du système électrique français. 

Partant, dans l'Hexagone, des centaines d'usines et sites de production s'ouvrent au grand public. Arts de la table, cosmétiques, vins et spiritueux, mais aussi construction d'avions sont au programme, chez des géants industriels et dans des ateliers familiaux. En 2019, en France, près de 15 millions de personnes se sont adonnées au tourisme industriel, contre 10 millions dix ans plus tôt, d'après Entreprise et Découverte, association de promotion de la visite d'entreprise, qui compte plus de 400 membres.