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Rencontre avec Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB

«Notre voix doit être entendue»

À l'occasion des Journées Professionnelles de la Construction qui se sont déroulées à Lille Grand Palais du 21 au 23 juin derniers avec plus de 2 000 professionnels présents, Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB1, nous livre son regard sur la place de l'artisanat en France, ses défis à relever et sa conjoncture actuelle.

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb et Henry-Luc Sprimont, président de la Capeb Nord (à gauche). © CAPEB
Jean-Christophe Repon, président de la Capeb et Henry-Luc Sprimont, président de la Capeb Nord (à gauche). © CAPEB

L'année 2022 n'a pas été de tout repos pour les artisans français. Entre la hausse du coût de l'énergie, l'envolée des prix des matières premières et les difficultés d'approvisionnement, le quotidien des professionnels du bâtiment est loin d'être un long fleuve tranquille. «Depuis 1 an, le marché du BTP subit une baisse incessante de l'activité tous départements confondus. La chute des chantiers du logement neuf nous inquiètent. En outre, nous ne sommes pas aidés par les contraintes liées aux certifications, notamment le label RGE et les normes qui changent en permanence» résume le président de la CAPEB. Néanmoins, depuis le début de l'année, le ciel semble s'éclaircir. «Nous revenons progressivement aux chiffres d'avant 2019. Nous sommes dans un cycle de renouvellement mais on reste vigilants. Entre la réforme de retraite et l'Ukraine, les artisans ont baissé la voilure et sélectionné les chantiers».

Marché de l'emploi sous tension

Dans les Hauts-de-France, les difficultés de recrutement persistent. En revanche, les carnets de commande sont bien remplis et l'approvisionnement de matières se régule. «Notre principale crainte aujourd'hui est de perdre nos candidats qui ont tendance à s'orienter vers d'autres lieux comme les gigafactories par exemple. À nous d'être attractif et compétitif pour garder nos savoir-faire dans la filière». A contrario, l'apprentissage suit une trajectoire positive. «L'apprentissage est toujours aussi dynamique avec plus de 100 000 apprentis dans la France entière. C'est un voyant très important» témoigne Jean-Christophe Repon.

Simplification du label RGE

Pour la CAPEB, les TPE artisanales ne sont pas à leur place. Et pourtant, le secteur du bâtiment en France est composé à 96% de TPE soit 560 000 entreprises à l'échelle nationale. Dans la région, on compte 40 237 entreprises artisanales qui recrutent 110 935 salariés soit 3 salariés en moyenne par entreprise. Mais pour la CAPEB, malgré leur nombre, les artisans ne sont pas suffisamment écoutés. «Seules les grandes entreprises parlent au nom des petites. Notre voix doit être entendue». 

Entre les normes qui changent régulièrement et les certifications difficiles à obtenir dans le cadre de la transition énergétique, la CAPEB veut tout faire pour parvenir à une simplification des certifications. «On doit s'adapter en permanence aux dernières réglementations. Il y a de moins en moins d'entreprises qualifiées. Seules 60 000 entreprises sont certifiées RGE alors qu'on pourrait en avoir 200 000. Pour réussir la transition énergétique, il faut simplifier tout cela et rassembler l'ensemble des contrôles. Nous continuons à défendre le RGE2 car on ne veut surtout pas que les artisans soient exclus, au contraire nous voulons que les artisans montent en compétence».

Féminisation de la filière, où en est-on ?

L'artisanat du bâtiment ne compte que très peu de femmes dans ses rangs. Si des filières comme la pâtisserie, la boulangerie ou encore l'hôtellerie se féminisent, il en est autrement pour l'artisanat. «La féminisation est un enjeu majeur pour nous. Ça évolue bien mais pas suffisamment vite. Il n'y a que 4% de femmes apprentis dans l'artisanat et ce chiffre est très révélateur. La marge de manœuvre est énorme. On a besoin d'évoluer sur nos métiers». La pénibilité, le rythme de vie ou encore la vision du métier représentent les principaux freins, et pourtant : «On veut prouver que ce ne sont pas des métiers pénibles et épuisants mais plutôt des métiers nobles, techniques et d'avenir». La CAPEB qui souhaite «ouvrir les portes en grand aux femmes» doit encore travailler et améliorer l'attractivité de la filière et continuer de sensibiliser les étudiants vers les métiers du bâtiment.

1. La CAPEB est la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment.

2. Le label RGE assure l'éco-conditionnalité des aides à la rénovation énergétique et est délivré uniquement pour les travaux de rénovation énergétique les plus efficaces.

«L'apprentissage est toujours aussi dynamique avec plus de 100 000 apprentis dans la France entière» témoigne Jean-Christophe Repon.© auremar