«Umwelt» de Maguy Marin à l'opéra de Lille

Maguy Marin est l'une des rares chorégraphes françaises qui signe des pièces où l’acte de danser est en osmose avec l’acte de penser la société. La reprise d’Umwelt - que l’on pourrait traduire par «le monde dans lequel on vit» - illustre combien, depuis la création de May B en 1981, son écriture cultive la force du mouvement, conjuguant radicalité et poésie pour saisir les soubresauts de l’humanité.

Sur scène, une cinquantaine de panneaux/miroirs devant lesquels apparaissent et disparaissent neuf interprètes, neuf corps traversés par les sons de guitares électriques. Dans un flux ininterrompu de gestes quotidiens, elle interroge les splendeurs et misères du vivre ensemble, d’une condition humaine fragile et éphémère. Courses derrière les miroirs et apparitions magiques rythment une marche faite de multitude et de singularité, où les corps passent, défilent, disparaissent et réapparaissent. Des femmes et des hommes qui luttent dans un environnement instable et chaotique où le lien social a disparu. «On propose un paysage, explique la chorégraphe. Une sensation subjective du monde dans lequel on vit. On donne ainsi forme à ses joies, à ses rages, à ses incompréhensions.» 

Une pièce hypnotique, à l’écriture minimale et répétitive, qui plonge le spectateur dans un maelström ambivalent où les interprètes incarnent nos luttes, nos paradoxes et notre tragique insouciance.

Représentations les 24 et 25 janvier à 20h à l'opéra de Lille.