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Vibrantes pulsations

Du 13 au 20 octobre, le Tourcoing Jazz Festival propose une édition 2018 déclinant, avec passion et générosité, le jazz sur tous les rythmes et sonorités. Le festival accueillera ainsi la fine fleur du jazz et des musiques du monde afin d’ensoleiller notre automne musical. Focus sur quelques têtes d’affiche d’un foisonnant programme.

Fatoumata Diawara © Aida Muluneh
Fatoumata Diawara © Aida Muluneh

Fatoumata Diawara © Aida Muluneh

L’événement jazz de cette rentrée musicale déclinera à foison les rythmes enivrants des musiques du monde avec Fatoumata Diawara dont le concert devrait enflammer le public du Magic Mirrors (16 octobre). Propulsée, à 17 ans, vedette du film La Genèse de Cheikh Omar Sissoko, elle intègre ensuite la troupe du regretté Sotigui Kouyaté qui la dirige dans l’Antigone de Sophocle. Sa carrière semble tracée mais sa famille décide de la marier de force… Elle s’échappe alors avec la troupe de théâtre Royal de Luxe et chante ses premières chansons en parcourant le monde au sein de la compagnie nantaise. Puis Cheick Tidiane Seck la fait participer aux projets d’albums et de tournées qu’il dirige au Mali pour Oumou Sangaré puis Dee Dee Bridgewater. Sur les conseils de Rokia Traoré, Fatou s’accompagne d’une guitare et compose ses premières chansons. Fin 2011, paraît son premier album et, depuis, scènes et collaborations s’enchaînent avec Damon Albarn, Bobby Womack, Tony Allen, Herbie Hancock, etc. Sept ans après son premier album, la compositrice et chanteuse malienne a publié en mai dernier Fenfo – «Quelque chose à dire» en bambara. Coréalisé par Matthieu Chedid, ce nouveau bijou sécrète une folk universelle, aussi sensuelle qu’engagée, où la tradition musicale wassoulou s’entremêle avec élégance au jazz, au blues et à la pop.

Découvert en 2005 grâce notamment au film Broken Flowers de Jim Jarmush, Mulatu Astatke n’est plus le secret le mieux gardé des musiques éthiopiennes. Depuis, celui qui est considéré comme le père de l’éthio-jazz offre désormais à tout un nouveau public ses musiques envoûtantes. Un jazz hors norme, à la fois cosmique et ondulatoire, qu’il sculpte dès la fin des années 1960 au vibraphone, sur ses congas ou un clavier Wurlitzer. Le maître – qui fut le premier étudiant africain du célèbre Collège de Musique de Berklee à Boston et qui joua notamment un temps chez Duke Ellington –, expose toujours avec la même fraîcheur son groove abyssinien. Il débarque enfin à Tourcoing pour partager ses instrumentaux intemporels et ses harmonies singulières avec un public conquis d’avance (17 octobre).

 

Nuit cubaine

Omar Sosa et Yilian Canizares © Franck Socha

En clôture du festival le 20 octobre, les afficionados pourront goûter les saveurs épicées d’une nuit cubaine avec d’abord un concert réunissant le pianiste Omar Sosa et la chanteuse-violoniste Yilian Cañizares. Lesquels viennent de sortir Aguas (MDC/Pias), album d’une rare beauté reflétant les perspectives de deux générations d’artistes cubains vivant en dehors de leur patrie, interprétant leurs racines et leurs traditions d’une manière subtile et unique. Les chansons vont du poignant à l’exubérant et expriment la chimie musicale exceptionnelle, les sensibilités poétiques et l’originalité des artistes. Soit un mélange inventif et captivant des racines afro-cubaines des artistes, de la musique classique occidentale et du jazz.

Chucho Valdes © Carol Friedman

Le second concert de cette nuit incandescente sera l’œuvre du pianiste cubain Chucho Valdés, fondateur du légendaire Irakere et l’un des artisans majeurs de la fusion musicale entre Cuba et l’Afrique. Un artiste légendaire qui, depuis près de cinquante ans, donne ses lettres de noblesse au jazz afro-cubain. Son projet Jazz Batá en offre une flamboyante illustration. C’est en 1972 que Valdés sort ce quatrième album caractérisé par l’utilisation de nombreuses percussions différentes dont le batá (tambour sacré de la religion yoruba). Des décennies plus tard, le pianiste cubain revient puiser dans son propre héritage et réinvente Jazz Batá, faisant brûler la flamme du jazz afro-cubain avec une ferveur indéfectible.

 

Deux immenses trompettistes transalpins

 

Originaire de Trieste, le trompettiste et compositeur Enrico Rava est l’un des jazzman italien les plus connus à l’international. En 50 ans de carrière, il a produit plus de 90 enregistrements dont plus de 25 en leader. Grand admirateur de Chet Baker et de Miles Davis, il a joué dans les années 1960 avec Gato Barbieri, Don Cherry, Mal Waldron et Steve Lacy, puis à New York, au sein du Jazz Composer’s Orchestra de Carla Bley. A partir de 1972, année de son premier album en leader, il multiplie les tournées et les enregistrements dans le monde entier, avec des musiciens américains et européens. Maintes fois élu meilleur musicien de l’année par la revue italienne Musica Jazz, figure légendaire du label ECM, Enrico Rava continue à nous ravir avec un son de trompette d’une élégance absolue et d’un minimalisme apaisant. Accompagné du guitariste Francesco Diodati, du contrebassiste Gabriele Evangelista et du batteur Enrico Morello, ce géant du jazz devrait nous gratifier d’un concert mémorable ! (16 octobre).

Compagnon de route de Michel Petrucciani, Eric Legnini, ou encore Stefano di Battista, le trompettiste Flavio Boltro est un créateur de nouvelles sonorités dont le jeu est identifiable par son lyrisme envoûtant, oscillant entre cavalcades jazz et introspections langoureuses. Une liberté totale d’expression qui n’hésite pas à puiser dans la tradition populaire russe ou dans la pop anglaise, s’enrichissant d’effets électroniques. Écouter Flavio Boltro en concert, c’est découvrir une capacité d’improvisation vertigineuse, qui dessine en filigrane une vision très personnelle du monde. Avec Mauro Battisti à la contrebasse et Mattia Barbieri à la batterie, le trio jouera les compositions de leur nouvel opus, Spinning (Bendo Music/Anteprima Productions), lors de ce concert très attendu (19 octobre).

 

Renseignements et réservations au 03 20 76 98 76. Programme complet sur www.tourcoing-jazz-festival.com