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Visions oniriques et héros tragiques

Thriller fantastique, allégorie artistique et roman classique au programme de la sélection BD hebdomadaire.

Quelques planches de la BD "Le Troisième œil".
Quelques planches de la BD "Le Troisième œil".

Le Troisième œil

Ce premier volet – intitulé La Ville lumière – d'une nouvelle trilogie crépusculaire dans la lignée de Xoco, s'ouvre dans le Paris contemporain où le héros, Mickaël, a le don de synesthésie. Son cerveau interprète ainsi la musique, les notes et les vibrations revêtant alors la forme de couleurs et de figures géométriques. Après une soirée de trip pendant laquelle il repousse les limites de sa perception, il ouvre par hasard la porte d’un nouvel état de conscience. Il perçoit les contours d’auras aux apparences multiples et comprend que ces ectoplasmes colorés aux formes improbables traduisent les pensées et les émotions des personnes gravitant autour de lui. Une dimension fascinante d'ordre métaphysique qui débouche rapidement sur un effrayant constat : des êtres malveillants, prenant la forme de parasites immondes, en ont fait une cible. Mickaël va devoir exploiter son nouveau pouvoir, devenant alors un «Veilleur du Crépuscule»... Magnifié par un graphisme onirique et homérique, Olivier Ledroit signe ici un intense thriller fantastique situé dans un Paris mystique et nocturne, personnage à part entière à travers la dimension ésotérique et occulte de lieux emblématiques comme Notre-Dame ou le Louvre.

Glénat.

Ne reste que l'aube

Ultime volet d’un triptyque explorant la création artistique à travers les genres littéraires, Ne reste que l’aube revisite le genre littéraire du récit de vampire. Le récit suit l'insondable trajectoire de Jørgen Nyberg, artiste reconnu de la seconde moitié du XXIe siècle, dont les peintures dévoilent des scènes intimistes aux formats gigantesques, s'inspirant d'une technique de la Renaissance italienne. Ses œuvres font autant parler d’elles sur le Workin’glass, le réseau social dominant, que du refus de l’artiste d'apparaître en public. Car avant d’être Jørgen Nyberg, il fût l’une des figures marquantes du Cinquecento, avant de mourir en 1531 dans une ruelle de Sienne, mordu par un vampire et collectionneur d’art. Cinq siècles plus tard, il vit et travaille dans un immense loft au 153e étage d’une tour de Stockholm. Un jour, Yris, l’intelligence artificielle qui gère son lien avec le monde extérieur, lui conseille vivement d’accepter un rendez-vous avec Niels, un jeune artiste étudiant fasciné par son œuvre... Baignée d'une ineffable mélancolie et d'un romantisme baudelairien, cette superbe BD au graphisme épuré mais élégant conjugue avec sensibilité les thèmes de l’art et de l’immortalité… Thierry Murat porte ainsi un regard aiguisé sur l’avenir de notre monde, devenu souvent obscène et cynique par la puissance des réseaux sociaux.

Futuropolis.

Les Misérables

Cette fiévreuse adaptation du chef-d'oeuvre de Victor Hugo reste naturellement fidèle à la trame intemporelle du récit et de ses personnages désormais légendaires. En premier chef, Jean Valjean qui connut le bagne pendant 19 ans avant de tenter de racheter ses fautes originelles, fuyant sans relâche Javert, défenseur obstiné de la justice. Ou encore la petite Cosette, orpheline et élevée par les raclures de Thénardier, dont tombera amoureux plus tard Marius, jeune intellectuel bohème. Sans oublier Gavroche, archétype du joyeux gamin des rues parisien... Éric Salch signe ici une vision ardente, drôle et décalée des Misérables, grossissant les traits, ajoutant anachronismes et absurdités, pour entremêler rires et larmes à la lecture de cette sublime tragédie romanesque.

Glénat.