Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Confection de linge de lit et linge de maison

Anne de Solène investit dans son outil industriel pour accélérer à l'étranger

Au bord de la faillite en 2017, Anne de Solène connaît une véritable renaissance depuis son rachat par le groupe Home Heritage. La marque qui affiche 26 M€ de chiffre d'affaires (contre 10M€ en 2017) figure aujourd'hui parmi les leaders du linge de lit et linge de maison haut de gamme. Jonathan Hannaux, vice-président du groupe Home Heritage et Erwan Bernard, directeur exécutif d’Anne de Solène nous expliquent les facteurs clés de cette métamorphose.


Erwan Bernard, directeur exécutif d’Anne de Solène et Jonathan Hannaux, vice-président de Home Heritage. © Lena Heleta
Erwan Bernard, directeur exécutif d’Anne de Solène et Jonathan Hannaux, vice-président de Home Heritage. © Lena Heleta

Qu'elle semble loin l'époque où Anne de Solène se tenait à la barre du tribunal de commerce de Lille risquant le dépôt de bilan. Aujourd'hui, elle a retrouvé son rang parmi les leaders français du linge de lit haut de gamme. Cette nouvelle vie, Anne de Solène le doit au groupe Home Heritage (voir encadré) reconnu pour ses nombreuses marques autour du sommeil et du confort, qui avait fait le pari fou de reprendre une société alors au bord du précipice. «On s'est rendu compte qu'auprès d'une certaine clientèle, rien ne remplaçait Anne de Solène qui avait une image à part. On avait sous-estimé la puissance de la marque» témoigne Jonathan Hannaux, vice-président du groupe Home Heritage.

Six ans plus tard, Anne de Solène emploie 180 collaborateurs répartis entre le siège à Hallennes-lez-Haubourdin et l'atelier de confection à Fontaine-au-Pire dans le Cambrésis. En 2023, la marque affichait 26 M€ de chiffre d'affaires. «Anne de Solène est beaucoup plus forte qu'avant. Elle a un potentiel gigantesque et a les moyens de gagner en parts de marché» estime le dirigeant.

Un outil industriel modernisé

Pour retrouver ses lettres de noblesse, Anne de Solène a fait l'objet d'investissements conséquents. En effet, 300 000€ ont été injectés dans les machines à coudre, presses à repasser, chariots de matelassage et autres afin d'augmenter la capacité de production du site. «Le marché de la maison a été boosté avec la crise sanitaire, on a surfé sur cette vague et on a réalisé beaucoup d'investissements pour poursuivre la croissance d'Anne de Solène. Et la marque suit actuellement une très belle croissance passant de 10 à 26M€ de chiffre d'affaires en 6 ans. On a doublé le parc machines en 3 ans à Fontaine-au-Pire et notre objectif est de conserver tous nos sites de fabrication en France car l'ADN du groupe c'est bel et bien le made in France» explique le vice-président du groupe.

Outre la modernisation de l'outil industriel, un gros travail de fond a été effectué pour retravailler les boutiques. «100% des magasins ont été refaits soit 26 magasins en région, cela a été un énorme investissement. On a également réinvesti dans les corners dans les grands magasins» détaille Erwan Bernard, directeur exécutif d’Anne de Solène.

Accélération outre-Atlantique... avant l'Asie

Anne de Solène est présent aux États-Unis depuis maintenant 10 ans. Le marché nord-américain représente d'ailleurs 10% du chiffre d'affaires de la marque. La recette de ce succès ? La marque française a développé des partenariats, qui se sont avérés gagnants, avec (Bloomingdale’s, Saks Fifth Avenue, Neiman Marcus, Hudson Bay) ainsi qu'un réseau de distributeurs. «Ces partenariats grandissants nous ont permis de prendre plus de place sur le marché américain. On a développé fortement nos 17 corners chez Bloomingdale's notamment mais aussi notre présence digitale» explique directeur exécutif d’Anne de Solène. Dernièrement, le groupe français a lancé une boutique en ligne grand public aux États-Unis et réalisé un investissement de plus de 200 000€. «Ce qui plaît c'est la créativité française, l'identité de la marque française, le beau linge de maison. On connaît l'appétence des américains et des asiatiques pour la France».

Très bien implantée en Amérique du Nord, l'entreprise a également le regard tourné vers l'Asie, notamment la Corée du Sud où Anne de Solène est déjà présente sur 11 corners en grands magasins. «L'idée est de développer cette présence en Corée et sur les autres pays asiatiques. C'est un très beau marché car l'Asie est énormément attachée à la fabrication française».

Innovation chaque saison

Connue pour ses linges de lit fleuris, Anne de Solène sort une douzaine de nouveaux modèles chaque saison. Les collections comportent à la fois de l'imprimé, du fleuri mais aussi du jacquard (façon de tisser le fil qui va créer le dessin). La marque a également pris un nouveau virage, celui de la diversification. Le linge de lit et de maison est désormais accompagné de couvertures, de duvets ou encore de vêtements. «Une diversification plus forte a été opérée. Aujourd'hui, on a lancé tout un univers, Anne de Solène s'appuie sur la force de frappe du groupe» justifient les dirigeants.

Stratégie autour de la formation

Le groupe a tenu également à mettre l'accent sur la formation. Depuis septembre, l’entreprise travaille en lien avec l’Institut Français du Textile et de l’Habillement (IFTH) en vue de former 10 futures confectionneuses. Les apprenties sont accueillies dans un atelier spécifique au sein de l’atelier de confection, bénéficient pendant 3 mois de la présence à temps plein de formateurs de l’IFTH, avec à la clé un contrat au sein de la société. D'ici les 5 prochaines années, Anne de Solène entend doubler son effectif, passant de 50 à 100 collaborateurs. «Nous avions déjà multiplié par 4 les équipes en 3 ans».

Corner seconde main dans les magasins

Anne de Solène a mis en place une stratégie RSE bien rodée. «Nous avons ramené le côté naturel avec une utilisation forte du coton organique. On a reçu notamment un prix pour avoir crée une économie circulaire au sein de la structure». En effet, la marque incite les clients à rapporter des produits qu'ils n'utilisent plus. Ces matières sont ensuite retravaillées avec un ESAT si celles-ci sont réutilisables. «Depuis 2 ans et demi, on répare ces produits, on les reconditionne et ensuite on les propose sur notre corner seconde main dans nos magasins». Anne de Solène travaille également sur la réutilisation des chutes pour réaliser le packaging.

Zoom sur le groupe Home Heritage, propriétaire d'Anne de Solène

Anne de Solène appartient depuis 2017 à Home Heritage, groupe de textile français né en 1937 en Moselle. Anciennement groupe DODO, il possède aujourd'hui 7 sites industriels en France et emploie plus de 900 salariés. Référence française dans l’univers du sommeil et du confort avec un chiffre d'affaires de 185 M€ en 2023, le groupe s'est développé à travers de multiples acquisitions. La quatrième génération à la tête de l'entreprise familiale est aujourd'hui propriétaire, entre autres, des maisons Dodo (berceau du groupe), Drouault, Anne de Solène, Canat, Toison d’or & Domiva ce qui représente à la fois le linge de lit, linge de maison, couettes, oreillers, duvets, couvertures, vêtements (pyjamas, robes de chambre) et autres accessoires pour le sommeil. Le groupe est toujours actuellement à l'affût de nouvelles opérations de croissance externe.