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TS Diffusion à Pérenchies

Laura Streck, le travail en famille

À 35 ans, Laura Streck, dernière d'une fratrie de cinq enfants dont quatre travaillent pour TS Diffusion à Pérenchies, a été choisie par son père pour reprendre la société en cogestion. Celle-ci est spécialisée dans la menuiserie PVC et aluminium de portes et fenêtres. 

Laura Streck, co-gérante de TS Diffusion, à Pérenchies. © Lena Heleta
Laura Streck, co-gérante de TS Diffusion, à Pérenchies. © Lena Heleta

Quel est votre parcours ?

J'ai eu une profession à 14 ans : j'étais mannequin ! En plus des études, comme un hobby. Après le bac, j'ai décidé d'en faire mon métier, ça a duré deux ans. J'ai fait de beaux voyages. Puis j'ai eu envie de reprendre les études parce que j'avais le sentiment d'avoir fait le tour, et je savais que ça n'était pas un métier pérenne. J'ai fait un DUT en techniques de commercialisation en apprentissage dans l'entreprise familiale. J'y ai toujours eu un pied. Quand j'étais petite, pendant les vacances, j'allais nettoyer l'atelier, j'accompagnais mon père en dépannage de serrures le soir et le week-end.

J'ai toujours su que j'y travaillerai, un jour. Je ne connaissais pas encore la menuiserie. Mais au cours de mon apprentissage, j'ai été une aide pour ma mère en comptabilité-gestion, j'ai suivi la création de notre bâtiment, j'ai créé le site internet. Puis je me suis lancée dans une licence en gestion des achats en apprentissage, toujours chez TS Diffusion.

Ensuite, j'ai réalisé que l'on avait des lacunes de visibilité sur le web. Donc je suis partie en master e-commerce avec l'IÉSEG – où je suis fière de donner des cours aujourd'hui ! –, en apprentissage à La Redoute en tant que responsable des ventes en ligne lingerie. Puis on m'a proposé un poste de «online sales manager» prêt-à-porter femme. Au total, je suis restée cinq ans à La Redoute. Je me suis présentée au plan de départ volontaire pour la reprise d'une entreprise, c'est là que j'ai pris la la cogérance de TS Diffusion avec mes parents. 

Qu'est-ce qui vous a donné envie de reprendre la société ?

Nous avons tous les cinq vu nos parents s'épanouir dans ce métier, nous transmettre le virus parce qu'on est tous intéressés par l'univers du bâtiment. Tous les membres de la famille savent utiliser une visseuse ! Et pour moi, savoir que les gens qui changent des fenêtres sont en sécurité, que cela isole mieux leur maison, apporte du confort, a un gros impact écologique ou encore que c'est beaucoup plus joli pour la façade, c'est une vraie satisfaction.

Qu'est ce que vous aimez le plus dans le fait d'être chef d'entreprise ?

J'ai été salariée moi-même, donc ce qui m'intéresse c'est d'être le plus juste possible avec les salariés. De prendre soin d'eux, de faire attention à eux, ne serait-ce qu'en leur apportant le bon matériel en termes de sécurité. J'ai ce rôle un peu maternel. Et puis j'ai toujours côtoyé les équipes, dans un respect mutuel. Je pense que je suis respectée car j'essaie d'être juste, à l'écoute.

Même si j'apprends à dire non. J'ai suivi une formation en management, c'était passionnant. Notre objectif, c'est aussi de fidéliser l'équipe. J'estime qu'en prenant soin d'eux, je les fidélise. Après, ce que j'aime, c'est la partie innovation. Je suis un peu leader sur le sujet. La maison connectée, c'est un levier d'avenir.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

J'ai deux enfants, donc il y a eu l'aspect "congé maternité". Je n'ai pas arrêté très longtemps. J'adore mon travail, ce n'était pas un effort de travailler ni une contrainte. Le plus difficile, ça a donc été de s'arrêter un certain temps, parce qu'on n'a pas le choix ! Je reprends un peu la place que j'avais avant les congés maternité. Cela avait été compliqué pour moi de passer le flambeau, mais ça s'est très bien passé. Mon assistante avait pris le relais, j'ai entièrement confiance en elle. J'ai appris à déléguer davantage. Et désormais j'ai trouvé un bon équilibre, j'arrive à allier travail et vie de famille.

Avez-vous le sentiment d'une frilosité des femmes à entreprendre ?

Je pense qu'il y a une nouvelle génération plus sûre d'elle. Mais je crois que s'il y a une frilosité que j'ai pu constater, c'est celle liée à la maternité. On monte la boîte avant ou après. Pour le reste, je pense que l'exemple familial est important. Je travaille dans un univers exclusivement masculin. C'est mon père qui m'a intégrée, qui m'a valorisée, m'a appris au quotidien à avoir de la poigne, à me faire respecter. Je sais que c'est mon mentor, mon coach, mon confident. Et ma mère également. Elle m'a montré un exemple de femme qui travaille, qui est émancipée, qui savait gérer l'affaire. Elle m'a beaucoup formée à l'entrepreneuriat. C'est elle qui m'a donné cet exemple d'entrepreneure et de battante. Et c'est mon père qui m'a donné confiance en moi, notamment en me nommant co-gérante, puisque c'est lui qui l'a choisi quand je suis arrivée. C'était une belle marque de confiance.

Focus sur TS Diffusion

TS Diffusion – dont le nom est issu des initiales de la co-fondatrice de la société, Thérèse Streck, la grand-mère de Laura, avec son époux Jean en 1992 –, est une entreprise familiale de menuiserie extérieure PVC et aluminium. Sont usinées dans l'atelier de Pérenchies de 1 200 m² (qui passeront bientôt à 2000 m²) des portes et fenêtres, ensuite posées auprès d'une clientèle composée à 80% de particuliers. L'offre comprend également des volets, portails, portes de garage... «Tout ce qui ferme la maison !», résume Laura Streck. L'entreprise, qui compte 30 salariés, a réalisé un chiffre d'affaires de près de 4 millions d'euros en 2023, en hausse de 8%. 

Les fenêtres TS Diffusion sont fabriquées dans un atelier de 1 200 m² à Pérenchies. © Lena Heleta