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Implanté à Templemars, près de Lille

Le Casier Français met le local en boîte

Alors que l'inflation poursuit sa flambée et que le pouvoir d'achat des français continue de diminuer, la solution pour une consommation plus juste tiendrait-elle dans ces distributeurs de produits frais et locaux que l'on commence à voir fleurir un peu partout ? La belle croissance du Casier Français, à Templemars, témoigne de l'engouement croissant des communes comme des consommateurs.

Manuel Moutier, l'un des trois associés du Casier Français. © Lena Heleta
Manuel Moutier, l'un des trois associés du Casier Français. © Lena Heleta

On lit souvent que le principal frein à la consommation locale, c'est la difficulté de faire coïncider l'offre et la demande. D'un côté, des agriculteurs dont la logistique et la vente ne sont pas leur cœur de métier et de l'autre, des consommateurs, pris par le tourbillon de la vie professionnelle, qui ne peuvent pas se rendre à la ferme durant ses heures d'ouverture. Ce constat, Manuel Moutier l'a lui-même vécu : «Et finalement, quand on a besoin d'une salade à 19h, on ne peut plus aller chez le producteur alors on se retrouve à aller dans la grande distribution...».

Une logistique millimétrée

Un exemple de casiers proposés par Le Casier Français. © Lena Heleta

Il y a trois ans, l'entrepreneur reprenait avec deux associés, Grégoire Boet et Jean-Baptiste Delefolly, AST International, à Ennevelin. L'entreprise réalisait 50% de son activité dans le négoce de pièces mécaniques. Rien à voir avec la production agricole locale à première vue, sauf que l'ancien dirigeant avait eu l'idée de construire des distributeurs automatiques – dont l'un d'entre eux a été acheté par Sephora – mais faute de moyens financiers, l'idée a été laissée de côté.

Quand il reprend l'entreprise il y a trois ans, Manuel Moutier se dit qu'il y a un filon à creuser et change de nom pour Le Casier Français. «L'objectif premier, c'est de valoriser la production locale, sans contrainte ni pour le producteur ni pour le consommateur. Ensuite, il s'agit de redynamiser les territoires – 16 000 villes et villages n'ont plus de commerces en France – mais aussi de donner à tous l'accès à une alimentation locale et responsable. Les producteurs ne paient pas de commissions pour être présents chez nous. On les aide juste à avoir les mêmes armes que les circuits de distribution» explique-t-il.

La PME de 43 salariés propose donc des modules pouvant contenir de 15 à 28 casiers, avec une borne de commande intégrée (qui gère l'ensemble des références et des approvisionnements), dont certains d'entre eux peuvent être réfrigérés voire surgelés (à partir de cet été). «80% des produits de fabrication viennent des Hauts-de-France, même nos cartes électroniques ! L'assemblage est réalisé dans notre atelier.» Pain, fruits&légumes, crémerie, boucherie, charcuterie... la majorité des besoins alimentaires provenant d'un rayon d'une vingtaine de kilomètres, sont disponibles dans les casiers de 70 cm de profondeur (l'équivalent d'une cagette de légumes, ndlr).


De 15 à 400 casiers

Pour diminuer encore plus les contraintes, les associés ont imaginé un nouveau concept : «La Boutique – Le Casier Français», un espace de 10 ou de 20 m² qui condense la production locale d'un territoire sans que le producteur ou l'artisan n'ait à s'occuper de la logistique : «ils approvisionnent notre centre et on s'occupe de tout».

Les communes doivent juste mettre à disposition un espace dédié et seul le Casier Français porte l'investissement financier. Une vingtaine de communautés de communes ont déjà adhéré au projet que les associés avaient présenté il y a un an au salon des Maires à Paris. La toute première boutique a vu le jour à Templemars, s'en est suivi Faches-Thumesnil puis Croix. «Nous avons une dizaine de demandes par jour» abonde Manuel Moutier. Au total, une boutique peut compter jusqu'à 400 casiers.

Moins d'intermédiaires donc une marge réduite

De quatre à cinq intermédiaires en moyenne entre le producteur et le consommateur, il n'en reste plus d'un seul, réduisant ainsi les marges et donc, le prix à l'achat pour le consommateur. «Le Covid a été un accélérateur sur la prise de conscience de la consommation locale mais finalement, on a repris les habitudes à cause des contraintes. En fait, nous voulons être un messager entre le consommateur et le producteur.»

La PME est en train de travailler sur une application pour février où il sera possible de visualiser et de bloquer le contenu du casier à distance. Sur le site de Templemars, la production pourra être multipliée par trois selon la croissance de l'entreprise. Actuellement, 70 casiers sont fabriqués chaque jour et on recense déjà 300 implantations du Casier Français partout en France.

La PME prévoit pour courant 2023 une levée de fonds de plus de 10 M€ avec une ambition de chiffre d'affaires affichée à 5,5 M€. En ligne de mire, une accélération à l'international, qui représente pour l'instant 10% du chiffre d'affaires (Afrique, Suisse, Italie, Angleterre...).