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Etude d'EcoVadis/Médiateur des entreprises

Les entreprises françaises championnes de la RSE

Les entreprises françaises se classent 4e sur le podium mondial de la RSE, Responsabilité sociétale d'entreprise, d'après une étude d'EcoVadis/Médiateur des entreprises. Et les tendances actuelles laissent augurer des progrès futurs, notamment en matière d'achats responsables.

En cinq ans, le domaine où les grandes entreprises ont le plus progressé est celui de l'éthique des affaires. © Jade Maas-peopleimages.com
En cinq ans, le domaine où les grandes entreprises ont le plus progressé est celui de l'éthique des affaires. © Jade Maas-peopleimages.com

En bonne place dans le classement. Récemment, à Paris, étaient dévoilés les résultats de la 5e édition de l'étude EcoVadis/Médiateur des entreprises consacrée à la performance RSE des entreprises françaises, européennes et au delà. L'étude a été menée sur la base de plus de 100 000 évaluations chez des PME, ETI et grands groupes de neufs secteurs. Elle a pris en compte 21 critères relevant des thèmes de l'environnement, des conditions de travail, des droits de l'homme, de l'éthique des affaires et des achats responsables. 

Bilan ? «Les entreprises françaises sont dans l'élite mondiale en termes de RSE, quasiment à égalité avec les pays nordiques et même devant le Danemark, et bien avant de nombreux concurrents naturels dont l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et l'Espagne. Compte tenu de l'importance colossale de la RSE aujourd'hui, c'est une belle réussite», se félicite Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises.

En 2022, la moyenne de la performance RSE des entreprises françaises atteint 57,6 points, un niveau supérieur à celle européenne (55,1). Seul le bloc des pays nordiques affiche une meilleure performance (57,4). Quant aux BICS (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud, la Russie ayant été exclue de l'étude), leur score plafonne à 41 points. En terme de pays, c'est la Norvège qui détient la meilleure performance mondiale (59,4).

La France se situe au 4e rang derrière la Finlande et la Suède, mais devant l'Italie (56,2) et le Royaume-Uni (55,8). L'Allemagne arrive assez loin derrière (52,8). Outre-Rhin, «les entreprises ont toujours été en retrait par rapport aux pays anglo-saxons ou à la France en matière de pratique de RSE. Toutefois, elles sont en train de rattraper leur retard, en raison de nouvelles obligations réglementaires concernant leur devoir de vigilance», commente Sylvain Guyoton, vice-président de la recherche chez EcoVadis. Score des États-Unis : 47,7 points. Inde et Chine occupent les deux dernières places du classement, avec respectivement 42,4 et 39 points.

Progression record des PME hexagonales

En France, plusieurs dynamiques à l’œuvre présagent d'une poursuite, voire d'une accélération des performances déjà obtenues, selon l'étude. Ainsi, plus du quart (27,9%) des entreprises françaises se situent dans les deux niveaux les plus élevés (sur 5) de la performance RSE («excellente» et «avancée»). Un niveau très largement au dessus de la moyenne européenne (19,8%). Ces sociétés sont autant de «locomotives» capables d'impulser une dynamique, selon Pierre Pelouzet.

Autre tendance constatée, depuis deux ans, «ce sont les petites entreprises qui ont connu la plus forte progression même si elle restent encore à un niveau inférieur, par rapport aux ETI et aux grands groupes», constate Sylvain Guyoton. Les entreprises qui comptent entre 25 à 99 salariés ont progressé de 4,4 points et les grandes entreprises de 0,7 point. Cette tendance repose sur une double évolution. Le devoir de vigilance qui s'impose aux grandes entreprises les pousse à engager leurs fournisseurs dans des démarches de RSE. A contrario, à expliquer la stagnation des performances des grandes entreprises, «leur problématique consiste à déployer la politique RSE sur l'ensemble du périmètre, ce qui est loin d'être simple», décrypte Sylvain Guyoton. Concrètement, il est plus aisé d'appliquer une démarche RSE à son siège social dans les Hauts-de-France que dans des usines en Asie...

Or, les indicateurs du baromètre EcoVadis ne font pas de cadeau, qui veillent à éviter le syndrome du «double standard» au sein d'une même entreprise. Selon les thèmes, les sociétés affichent des performances diverses en fonction de leur taille : par exemple, en cinq ans, le domaine où les grandes entreprises ont le plus progressé est celui de l'éthique des affaires, avec 6,3 points de plus (pour atteindre un score moyen de 55,2). L' environnement est le sujet où elles obtiennent le meilleur résultat, avec 62,8 points (+2,4). Il est même passé devant le «social et droits humains». Là, le score s'élève à 61,9 points après une croissance de 1,7 point. Sur ces trois thèmes, PME et ETI ont connu d’importantes progressions bien plus fortes (supérieures à 6 points) que les grandes entreprises. Elles ont atteint un score de 57,6 dans l' environnement, de 60,4 en social et droit humains, et de 53,5 en éthique des affaires.

L'achat responsable se diffuse

Dans un autre champ, celui de l'achat responsable, le score des entreprises françaises a crû de 3,9 points depuis 2020 pour atteindre 48. Sur ce sujet, «la France continue à figurer parmi les leaders mondiaux», se réjouit Pierre Pelouzet. Au niveau européen, en effet, le score n'a augmenté que de 2,5 points au cours de cette période, à 44,9. La France se situe au quatrième rang mondial, derrière les pays nordiques. Les autres nations européennes obtiennent des scores entre 43 et 44,9 points. Et tout en bas du palmarès figurent Inde (32,9), Turquie ( 32,4) et Chine (31,8).

Historiquement, «la France a été porteuse au niveau mondial de la norme ISO 20400 qui est l'assise de notre label RFAR, Relations fournisseurs et achats responsables», rappelle Pierre Pelouzet. Porté par la Médiation des entreprises, ce label été obtenu par 84 organisations privées ou publiques (soit environ 100 milliards d'euros d'achats annuel). Pour le Médiateur des entreprises, les chiffres EcoVadis témoignent une intégration forte de la culture de l'achat responsable dans les entreprises françaises. Ainsi,12% d'entre elles sont placées dans les catégories «excellente» et «avancée» du classement RSE de 2022 (contre 8% des entreprises européennes ). 

En outre, la part des entreprises ayant mené au moins une action achat responsable a sensiblement augmenté en deux ans, passant de 52 à 62% en 2022 (contre 57% au niveau européen). «Nous progressons considérablement. D'une manière ou d'une autre, toutes les entreprises s'y mettent, rentrent dans la mécanique de l'achat responsable», estime Pierre Pelouzet. Dans le détail, la mise en place d'un code de conduite fournisseurs et l'évaluation RSE régulière des fournisseurs constituent les actions les plus fréquentes, avec un effet levier potentiel sur les autres entreprises.

Autre motif de satisfaction : un très bon taux de formation des acheteurs à la RSE dans les grandes entreprises (46 points, soit plus que dans les pays nordiques ). En revanche, l'étude révèle un point de faiblesse, inattendu et plutôt inquiétant : les grandes entreprises affichent un taux plutôt bas (40 points) d'analyse de leurs risques RSE.