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Sur le marché des peintures industrielles et composites

Mäder se pose en locomotive de la décarbonation

Acteur international majeur sur le marché des peintures industrielles et composites à forte valeur ajoutée, le groupe Mäder poursuit chaque année sa montée en puissance en plaçant la décarbonation au cœur de sa stratégie. En 2024, la feuille de route est claire pour l'ETI familiale : se développer Outre-Atlantique et accélérer sur la R&D pour continuer de proposer des solutions toujours plus vertueuses.

Julien Molina, président du groupe et fils des fondateurs, aux côtés de Corinne Molina, co-fondatrice et vice-présidente. © Lena Heleta
Julien Molina, président du groupe et fils des fondateurs, aux côtés de Corinne Molina, co-fondatrice et vice-présidente. © Lena Heleta

Tout commence en 1993. Corinne et Antonio Molina décident de reprendre l'entreprise Corsain à Maroeuil, dans l'Arrageois, spécialisée dans la peinture décorative. Au bord de la faillite, cette société est alors sauvée par le couple déjà visionnaire à cette époque. Au fil des années, la famille Molina entreprend une série d'acquisitions de fabricants de peinture. Une stratégie qui porte ses fruits et qui l'amène en 2000 à racheter l'entreprise suisse Mäder

Cette année-là, le groupe change de nom et prend une toute autre dimension. Mäder était précurseur sur les peintures à l'eau, ce qui représentait dans ces années-là, un véritable défi technologique. «Avec la reprise de Mäder, on a doublé de taille, on a découvert l'international, les exportations, de nouvelles technologies également, puis nous sommes passés de l'autre côté de la frontière, ça a été un gros virage pour nous, un véritable tournant» raconte Corinne Molina, co-fondatrice et vice-présidente.

Depuis, le groupe Mäder a parcouru du chemin : il affiche un chiffre d'affaires proche des 200 millions d'euros et emploie à ce jour plus de 650 collaborateurs dans le monde. L'ETI, qui possède des sites de production en Europe (Suisse, France, Allemagne, Italie) et en Asie (Chine et Inde) figure parmi les leaders européens indépendants des peintures industrielles et résines à forte valeur ajoutée. Ses produits sont destinés à la fois au secteur automobile, au ferroviaire, les deux marchés historiques de l'entreprise mais aussi au packaging cosmétique et au transport-stockage de l'eau potable. 

Dans son portefeuille, l'entreprise nordiste compte des géants comme Mercedes, Audi, Peugeot ou encore Alstom. «Nous restons une entreprise discrète mais pourtant nous sommes partout» résume Julien Molina, fils des fondateurs devenu président du groupe. En effet, les solutions Mäder sont appliquées sur les intérieurs, les extérieurs et les sièges de la plupart des trains, métros, trams et voitures en France et en Europe...

La décarbonation comme moteur

Mäder suit comme stratégie un positionnement sur des marchés à plus faible volume mais à plus forte valeur ajoutée. «On se positionne sur des marchés avec des homologations très fortes» précise Julien Molina, docteur ingénieur en chimie des polymères. «Il faut garder cette avance en R&D qui coûte cher, mais qui nous permet de remporter des marchés à l'international. En face de nous, on a des concurrents qui pèsent des milliards, donc si on veut se faire une place, on doit lutter avec d'autres armes, celles de l'agilité et de la R&D. On vend justement parce qu'on est différents» souligne Corinne Molina. Pour l'automobile par exemple, Mäder ne produit pas des peintures de carrosserie, mais plutôt de la peinture pour une application plastique intérieur et extérieur. «Nous avons des cahiers des charges très élevés» glisse Julien Molina.

À ce jour, Mäder compte entre 4 000 et 5 000 matières premières ainsi que 15 000 squelettes de formules. Mais désormais, l'entreprise s'inscrit dans une notion de remplacement progressif de ses matières premières. Chaque année, les gammes sont renouvelées. «Dès qu'une molécule passe CMR1 on la sort du portfolio». Mäder essaie d'introduire soit des molécules issues de la biomasse, soit des molécules issues du recyclage. On retrouve parmi les exemples des coquilles d'huître broyées puis recyclées, des pneus ou encore de la terre battue de Roland Garros récupérée et également recyclée. «Notre pari c'est de dire : il faut absolument que le facteur d'émission carbone de nos matières premières soit plus faible que des matières conventionnelles. À travers notre façon de formuler, on aide le monde à se décarboner sur les peintures et sur les composites».

Les États-Unis et le Canada en ligne de mire

Cette année, le groupe basé à Villeneuve d'Ascq, entend bien être pionnier sur la mesure. «On va être capable de calculer en automatique l'empreinte carbone de chacun de nos produits» se réjouit le jeune dirigeant. Des produits qui améliorent les process avec des temps de séchage plus rapide et moins d'épaisseurs à appliquer. «En réduisant le nombre de couches, on gagne en temps de process». C'est cette politique d'innovation qui a permis à Mäder de se développer très fort à l'international. Actuellement, l'ETI familiale réalise entre 70% et 80% de ses ventes hors de France via ses filiales étrangères. Depuis 2011, elle s'est fortement développée en Europe et en Asie notamment en Chine et en Inde. Désormais le groupe a le regard tourné vers l'ouest. «Notre volonté est de se développer aux États-Unis et au Canada en 2024 avant de viser l'Amérique du Sud en 2025» conclut la direction. Cette ambition clairement assumée s'inscrit dans le plan E-volve 2025 qui comprend quatre axes : la pérennité du groupe ; l'excellence opérationnelle ; la promotion interne et la formation ainsi que l'impact sur les écosystèmes. L'entreprise Mäder n'a donc pas fini de faire parler d'elle...

1. qui présentent un caractère cancérogène, mutagène, ou toxique.

«Il faut garder cette avance en R&D qui coûte cher, mais qui nous permet de remporter des marchés à l'international» souligne Julien Molina, docteur ingénieur en chimie des polymères. © Lena Heleta